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encore que les précédens, est la reproduction galvanoplastique des planches elles-mêmes. Les planches en cuivre de la carte de France, qui coûtent chacune, — lever, dessin et gravure, — de 40,000 à 50,000 francs, ne peuvent fournir qu’un nombre très limité d’épreuves, 2,000 ou 3,000 au plus; pour obtenir un nouveau tirage, il faudrait graver la feuille une seconde fois. Cet inconvénient, qui s’était fait sentir depuis longtemps non-seulement pour les cartes topographiques, mais aussi pour toute sorte de plans et de dessins gravés a été habilement surmonté en ces dernières années au moyen de l’électrotypie. Maintenant on peut, quand les planches sont encore neuves, en obtenir un fac-similé identique[1]. Les reproductions galvanoplastiques ont encore l’avantage de faciliter les corrections que l’on doit, d’année en année, faire subir aux planches pour que les feuilles de chaque nouveau tirage soient modifiées d’après les changemens survenus à la topographie du pays. Il est long et pénible, on le sait, de corriger une planche gravée en creux, tandis que les corrections se font très promptement sur le cliché en relief que l’on obtient du premier coup par l’immersion dans un bain galvanique. Pour toutes les cartes de grande valeur, pour les plans topographiques que font exécuter les gouvernemens européens, on en viendra à ne considérer la planche type, œuvre du graveur, que comme un étalon qui doit être conservé précieusement aux archives et d’où l’on tire successivement, à mesure que le besoin s’en fait sentir, autant de clichés qu’il est nécessaire. On peut espérer que ce perfectionnement amènera une réduction notable dans le prix des feuilles de ces cartes, qui est encore beaucoup trop élevé pour les usages habituels, quoiqu’elles soient vendues en général bien au-dessous de la valeur réelle. Il n’est pas à craindre d’ailleurs que ces reproductions successives altèrent en quoi que ce soit la pureté du dessin. Le dépôt de la guerre montrait à l’exposition universelle de 1855 deux épreuves d’une même carte, l’une tirée sur la planche-mère et l’autre sur la planche électro-typique, et l’observateur le plus attentif ne pouvait découvrir la plus légère différence entre ces deux spécimens.

Pour compléter l’énumération des perfectionnemens industriels introduits dans la fabrication des cartes, il faut dire quelques mots

  1. On vient d’essayer en France un procédé plus simple et moins dispendieux qui permet de multiplier presque indéfiniment l’impression sans user la planche. Il consiste à aciérer la surface gravée, c’est-à-dire à la recouvrir par la galvanoplastie d’une couche d’acier, ou plus probablement de fer, qui est si faible que les traits les plus fins de la gravure n’en sont pas altérés. Les planches en cuivre qui ont subi cette préparation ont autant de durée que les planches en acier, et conservent néanmoins le ton et le moelleux qui font que l’on préfère pour les œuvres d’art la gravure sur cuivre à la gravure sur acier.