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les zones équatoriales et tempérées soient rendues avec fidélité. Pour les cartes moins étendues, une méthode de tracé avantageuse à la France ou à l’Angleterre peut être mal appropriée à la Russie. C’est ainsi que le dépôt de la guerre a fait choix pour la grande carte de France, qui s’achève en ce moment, d’une projection particulière qui ne pourrait être étendue aux états limitrophes sans quelques modifications.

Quelle que soit la projection adoptée, le tracé du canevas se borne à figurer sur la carte les méridiens et les parallèles qui en divisent la surface en quadrilatères curvilignes ou mixtilignes entre lesquels le géographe inscrira les villes, les montagnes, les routes et les fleuves, tous les accidens du sol, toutes les constructions faites de main d’homme, même les diverses cultures, et en particulier les bois, les prairies, les terres labourables. La place qu’occupent ces détails est proportionnée aux dimensions mêmes du cadre; mais en principe toutes ces indications doivent se retrouver sur les cartes à grande échelle, et les cartes à petite échelle, qui ne sont ou qui ne devraient être qu’une réduction des précédentes, conservent seulement les détails qui peuvent s’y introduire sans confusion. Les cartes à grande échelle sont donc l’expression la plus correcte de la géographie et la peinture la plus fidèle du territoire que nous habitons.

Au commencement de ce siècle, l’empereur Napoléon Ier, qui attachait une extrême importance à la topographie en raison des services qu’elle rend aux opérations militaires et stratégiques, résolut de faire exécuter une carte de la France à grande échelle. Il s’agissait de représenter fidèlement le sol de notre pays avec les moindres détails, comme le plan d’un jardin, et avec l’exactitude rigoureuse que permettent les observations astronomiques les plus délicates. On ne possédait alors, en fait de cartes à grande échelle, que celle des Cassini, œuvre remarquable à bien des égards pour l’époque à laquelle on l’avait pu terminer; mais, exécutée en grande partie au moyen d’anciens plans d’une authenticité douteuse, elle était insuffisante par les détails comme par l’ensemble; d’ailleurs elle avait vieilli, et n’indiquait plus qu’imparfaitement le tracé des voies de communication. On prenait déjà l’habitude d’exécuter de bons travaux topographiques. Il existait un corps d’ingénieurs géographes qui étaient attachés aux états-majors des armées en campagne pour lever le plan des contrées peu connues où nous conduisaient les hasards de la guerre. Pendant la paix, ces officiers pouvaient se livrer en France à des travaux de même nature, en y apportant le savoir et la ponctualité qu’exigeaient les besoins actuels. Ce projet, entravé d’abord par les événemens politiques, fut ajourné jusqu’en