Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hermétiquement clos à l’aide d’une vis moulée en alliage solide, terminant un des bouts de chaque tube et s’adaptant à l’écrou qui termine le tube suivant, ce qui permet de comprimer entre eux une torsade de chanvre ainsi rendue imperméable[1]. Dès ce moment, les déperditions de gaz ont été réduites des neuf dixièmes, et tous les fâcheux effets de ces fuites ont diminué dans les mêmes proportions. Pour les annuler complètement, on a disposé les conduites principales dans les nouveaux égouts à large section et ventilés, évitant ainsi les infiltrations des gaz et vapeurs dans les terrains sous le sol des voies publiques, tout en ménageant un accès facile près de ces conduites, afin de rechercher les fuites et de les réparer aussitôt qu’elles sont reconnues. Une mesure plus récente promet de mieux garantir encore les racines des arbres contre les infiltrations délétères, en faisant passer les petits tubes de distribution dans des manchons en poterie dont on cimente les joints, et qui, débouchant sous les colonnes supportant les lanternes, font écouler à l’air les produits gazeux des fuites accidentelles. Ces moyens d’assainissement de la terre végétale ont été complétés par un drainage spécial, qui égoutte dans des tubes d’argile les eaux pluviales et entretient sous le sol un renouvellement de l’air très favorable à la respiration des radicelles.

Les déperditions de gaz sous le sol occasionnent quelquefois de graves accidens. Pour reconnaître les fuites, on recourt volontiers au moyen le plus commode, désigné sous le nom de flambage, on promène une mèche allumée en contact avec le tube qui amène le gaz aux becs d’éclairage. La moindre fissure suffit pour donner lieu au passage d’un filet gazeux qui s’allume et décèle la fuite. L’ouvrier s’empresse d’éteindre avec un tampon les petits jets de flamme et procède à la réparation. Cette manœuvre facile et rapide n’offrirait aucun danger en plein air, si la fuite était peu considérable, ni même dans les habitations, si par l’ouverture des issues l’air avait pu se renouveler en totalité. Comme il en est le plus souvent ainsi, les ouvriers s’abandonnent d’ordinaire à une fausse sécurité. Malheureusement les choses se passent quelquefois dans d’autres conditions. C’est tantôt la fuite qui, plus abondante qu’on ne le croyait, ou se développant avec une rapidité inattendue au moment de l’inflammation d’essai, fait fondre la soudure du tube, élargit la fissure, et produit une longue flamme qui allume et propage rapidement

  1. Depuis quelque temps, la jonction hermétique a été rendue plus économique et plus facile en préparant une rainure circulaire à l’un des bouts, où s’engage une corde en bourre de chanvre enduite de suif et de plombagine. On introduit cette extrémité dans le renflement du tube suivant, et on la fait pénétrer a coups de maillet frappant sur un mandrin en bois.