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aujourd’hui avec raison des entraves bureaucratiques et des superfétations coûteuses que la loi piémontaise sur l’instruction publique a introduites dans le régime de leurs écoles.

Parlons maintenant de la Toscane, dont on peut dire qu’elle fut toujours le plus grand foyer intellectuel de l’Italie. L’enseignement supérieur s’y ressent encore de l’impulsion qu’il reçut en 1838, alors qu’un gouvernement paternel et éclairé appelait à l’université de Pise, à l’école de médecine et au musée de Florence, tous les savans illustres que la persécution politique chassait des autres parties de l’Italie. À cette époque, un ancien élève de l’Ecole polytechnique de Paris, M. Giorgini, esprit juste et administrateur ferme, fut appelé à diriger l’instruction publique en Toscane. Il se signala par plusieurs institutions utiles, et surtout par la fondation de l’école normale de Pise, la seule école, avons-nous déjà dit, qui existe actuellement en Italie pour former les professeurs des lycées. Malheureusement la réforme de 1838 ne s’étendit pas à l’instruction secondaire, qui était presque entièrement entre les mains des frères scolopes. Elle n’atteignit pas non plus l’instruction primaire, bien qu’on doive s’étonner de cette négligence de la part d’un prince qui avait pour se guider l’exemple de ses ancêtres. L’enseignement eut d’ailleurs beaucoup à souffrir pendant les dix années de réaction qui suivirent les événemens de 1848. L’université de Pise fut bouleversée sous prétexte qu’elle avait été un foyer d’idées révolutionnaires. L’école normale n’eut plus qu’une vie languissante. L’organisation des écoles secondaires et de l’instruction professionnelle, qui avait été préparée dès 1846, ne vint au jour qu’après avoir subi l’influence de l’esprit réactionnaire du temps. En 1859, les autorités provisoires de la Toscane s’empressèrent de réparer le mal qu’avait fait le gouvernement précédent. Les dépenses de l’instruction publique, qui s’élevaient à 1 million de francs en 1855 pour le grand-duché, se trouvèrent doublées en 1861. Tout en reconnaissant combien cette dépense est lourde pour le budget, il ne faudra jamais oublier les titres que Florence peut faire valoir pour revendiquer une place distinguée dans l’enseignement supérieur de la Toscane et de l’Italie. Chacun connaît ce grand mouvement littéraire, scientifique et national, qui a illustré Florence pendant un demi-siècle, et dont l’un des acteurs les plus modestes, mais les plus utiles, M. Vieusseux, vient de s’éteindre récemment. Florence a deux établissemens dont les annales italiennes ont depuis longtemps enregistré les éclatans services, le musée, dont l’origine remonte à Galilée et au Cimento, et dont la gloire s’est continuée jusqu’à nos jours par les travaux des Fontana, des Fabbroni, des Nobili, l’école pratique de médecine et de chirurgie, qui n’a jamais cessé d’être dirigée par des praticiens célèbres, tels que Bufalini et Regnoli,