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suffisamment progressé et ne trouve plus en Chine un milieu correspondant au degré qu’il a atteint, s’incarne chez un peuple plus parfait. » — Comment les nations dégénèrent-elles ? « Si la majorité des nouveau-venus se trouve d’une nature inférieure, les anciens s’en allant chaque jour et ne revenant plus dans un milieu plus mauvais, la nation dégénère et finit par s’éteindre. » — Nous citons longuement, mais nous nous serions reproché d’écourter cette théorie ethnologique, qui nous paraît, en son genre, un petit chef-d’œuvre.

M. Kardec et ses adhérens n’ont point manqué d’adresser aux esprits mille questions sur leur existence pendant les intervalles de leurs vies terrestres, sur le temps où ils mènent, à proprement parler, la vie spirite mais ils se montrent fort réservés dans leurs réponses. Tout au plus donnent-ils quelques indications sur les instans qui suivent la mort. « Au moment de la mort, tout est d’abord confus ; il faut à l’âme quelque temps pour se reconnaître ; elle est comme étourdie, et dans l’état d’un homme qui sort d’un profond sommeil et qui cherche à se rendre compte de sa situation. La lucidité des idées et la mémoire du passé lui reviennent à mesure que s’efface l’influence de la matière dont elle vient de se dégager et que se dissipe l’espèce de brouillard qui obscurcit ses pensées… La durée du trouble qui suit la mort est très variable ; elle peut être de quelques heures seulement, comme de plusieurs jours, de plusieurs mois et même de plusieurs années… La sensation qu’on pourrait appeler physique est celle d’un grand soulagement et d’un immense bien-être ; on est comme délivré d’un fardeau, et l’on est tout heureux de ne plus ressentir les douleurs corporelles que l’on éprouvait auparavant… Dans sa nouvelle situation, l’âme voit et entend ce qu’elle voyait et entendait avant la mort, mais elle voit et entend de plus des choses qui échappent à la grossièreté des organes corporels… Dans la mort violente par accident, l’esprit, dégagé à l’improviste, reste d’abord persuadé qu’il n’est pas mort, et cette illusion peut durer plusieurs mois. Dans cet état, il va, vient, et croit vaquer à ses affaires comme s’il était encore de ce monde, fort étonné qu’on ne lui réponde pas quand il parle. » Hors de là, les esprits s’expliquent peu sur leurs occupations extra-terrestres. Quelques renseignemens font augurer qu’ils ne restent pas dans l’oisiveté, ni même dans la pure méditation, et qu’ils ont des occupations assez semblables aux nôtres. On peut, pour se les figurer, se reporter à cette conception antique qui nous montre

……………. L’ombre d’un cocher
Qui, tenant l’ombre d’une brosse,
Nettoyait l’ombre d’un carrosse ;