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SCÈNE VIII.


CHRÉMYLE, seul.

Par Esculape ! non, par Mercure ! j’ai trouvé là une belle idée. Je vais donner la moitié de cette bourse à la république pour ma contribution de guerre, et avec l’autre moitié j’achèterai un autre esclave. De cette façon-là, il ne m’en coûtera rien du tout.


SCÈNE IX.
CHRÉMYLE, MERCURE.


MERCURE.

Eh bien ! as-tu réfléchi ?

CHRÉMYLE, enjoué.

Oui, pourvoyeur de Mars ! j’aime mieux donner de l’argent. Comptons cette somme. Reçois-en, la moitié et laisse-moi tranquille.

MERCURE.

Par Hermès Trismégiste, je le savais bien que tu étais dans l’opulence !

CHRÉMYLE.

Cela n’est pas ; j’ai été forcé d’emprunter ceci.

MERCURE.

Tu mens, Chrémyle ! Je viens d’entrer dans ta maison, j’y ai vu Plutus attablé, d’où je conclus que tu es son ami, puisque tu le régales, et puisqu’il ne te refuse rien ; tu dois donc contribuer selon tes moyens à l’équipement de la flotte et à la défense du territoire dont ton domaine est l’ornement. C’est pourquoi je garde la bourse entière, et en outre je te prends un esclave. En voici deux de bonne mine, et je prétends choisir.


SCÈNE X.
MERCURE, CHRÉMYLE, BACTIS ET CARION.


CHRÉMYLE.

Que les foudres du grand Jupiter te réduisent en cendres jusqu’aux moelles, damné sycophante ! Tu veux me laisser sans argent et sans domestiques ?

MERCURE.

Tu te plains, ami de Plutus ? Remercie plutôt les dieux de voir que je me contente à si peu de frais ! Avancez ici, vous autres ! Lequel de vous veut servir sur les trirèmes de l’état ?

CARION.

Pas moi, seigneur sycophante ! je crains horriblement la mer.

MERCURE.

Tu me parais cependant le plus robuste des deux.