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le patinage est une des institutions de New-York. L’édilité règle les détails de ce plaisir, et elle le fait tellement con amore que nul ne songe à se plaindre de son intervention. Le principal théâtre de la fête est aux lacs du Parc-Central, vaste emplacement qui sera le bois de Boulogne de la ville quand les arbres auront eu le temps d’y pousser, et pour l’achât duquel le trésor municipal n’a pas payé moins de 29 millions, indépendamment des immenses travaux qui y sont projetés. Ainsi le réservoir d’eau distinct des lacs, qui y sera placé au, point culminant, aura une superficie double de celle du jardin des Tuileries. Dès que la glace a atteint une épaisseur rassurante, l’heureuse nouvelle est annoncée par des signaux hissés sur la place de City-Hall. « Cinquante mille personnes ont visité les lacs hier, » disent les journaux. J’ignore sur quelle base porte leur statistique ; mais, l’on peut affirmer sans crainte d’erreur que, pendant le défilé incessant de l’après-midi, il serait facile de compter à un moment donné dix mille personnes sur la glace. Des cafés y sont installés, ainsi que des salons de toilette pour les dames, dont la mise sera citée par les journaux avec le nom de celles que leur habileté aura le plus fait remarquer. Le soir venu ; le lac est illuminé, et le tourbillon ne s’arrête qu’à minuit, heure à laquelle est donné le signal de la retraite. La place est alors envahie par une armée de balayeurs, et, si les promesses de la gelée sont belles une mince couche d’eau vient inonder la glace, afin de préparer une nouvelle surface aux plaisirs du lendemain. En dehors de ce champ populaire de patinage, il y a aussi les clubs à l’usage des amateurs plus raffinés, the Washington skating Club, the Union skating Association, d’autres encore, et chacun d’eux met son orgueil à conserver à l’état de miroir l’étang qu’il a créé et recouvert afin d’en faire un salon d’un genre nouveau.

Un goût très répandu chez les Américains est celui des coursés de chevaux, et il est à mentionner parce qu’elles ont cela de particulier que l’on n’y court jamais au galop. Le trot est la seule allure permise. La distance à parcourir dépasse rarement deux milles anglais ou 3,200 mètres, et le cheval est attelé à une voiture légère, ne se composant, à vrai dire, que des brancards et de deux paires de roues. La distance, de deux milles est presque toujours franchie en cinq minutes, ce qui donnerait une vitesse de neuf lieues à l’heure ; on voit même des chevaux arriver à faire le mille en moins de deux minutes et demie ! Les vainqueurs de ces courses n’approchent pas de la notoriété européenne qui s’attache aux héros du Derby d’Angleterre ; néanmoins il n’est personne aux États-Unis qui ne connaisse les noms célèbres de Flora-Temple, de Lady-Suffolk, d’Ethan-Allen, et de bien d’autres. Un résultat plus positif a été de créer dans le