Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 41.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA
MARINE MARCHANDE
EN FRANCE
D’APRÈS L’ENQUÊTE DE 1862

Depuis quelques mois, le gouvernement français se livre, par l’entremise du conseil supérieur du commerce, à une enquête pour constater l’état de notre marine marchande et rechercher le système de législation qu’il convient de lui appliquer. Les enquêtes sont un des moyens les plus usités dans les pays libres pour éclairer les questions de l’ordre matériel. Elles appellent tous les intérêts comme devant un jury, lorsqu’il s’agit de leur imposer une loi nouvelle. Elles mettent au grand jour de la publicité des faits jusque-là renfermés dans la sphère étroite d’un travail spécial ou d’une production particulière. Elles rendent accessibles à l’examen et au contrôle du public les parties les plus techniques de la science économique, et fournissent les élémens de la pratique la plus usuelle à ceux qui ont mission de juger si la législation est en rapport avec l’état de la société. Grâce à l’action bien dirigée des enquêtes, les mesures les plus radicales, les transformations les plus profondes, au lieu d’être de véritables coups d’état qui troubleraient les esprits plus encore que les intérêts, deviennent de sages réformes, et se légitiment aux yeux de tous.

Avons-nous besoin de dire que ce travail d’investigation doit précéder et non suivre les grands changemens du système économique ? Jusqu’à présent, on l’avait toujours compris ainsi. En 1828, quand le sucre de betterave commençait à prendre de l’importance, quel-