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tant que possible imposées; beaucoup, pour échapper aux dures conditions qui leur sont faites par les inhospitaliers Yankees, ont remonté vers le nord et se sont répandus sur le territoire anglais, où n’existent pas d’entraves qui leur soient spéciales; ils jouissent même aux mines des droits et de la protection accordés aux autres immigrans. Aussi en 1860 leur nombre ne s’élevait pas à moins de 10,000; au mois de juin, deux vaisseaux, venant de San-Francisco et directement de Chine, en amenaient 800, et d’autres étaient en chemin. Ce n’est d’ailleurs pas au hasard qu’ils envahissent la Colombie anglaise : un journal de la localité prétend que les immigrations sont précédées d’explorateurs chargés d’étudier les ressources du pays, l’état des mines, et d’adresser des rapports à leurs compatriotes.

La population européenne n’est pas encore très considérable, surtout par rapport à la vaste étendue du sol ; mais en général elle est composée de colons sérieux et travailleurs. Il n’y a pas que des mineurs et des artisans, il y a aussi des agriculteurs débarqués avec un petit capital, qui leur a permis d’acquérir de bons territoires et d’en bien aménager les premières cultures. Ils créent de vastes fermes, et parmi les colons, ce sont eux qui réussissent le mieux.

Les premiers essais d’établissement de l’Angleterre à cette extrémité du Pacifique datent de la fin du dernier siècle. En 1786, quelques marchands de la compagnie des Indes orientales fondèrent un comptoir dans la baie de Nootka, à la côte occidentale de Vancouver. Trois ans plus tard, l’Espagne, qui avait alors dans ces mers un navigateur distingué, Francesco de la Bodega y Quadra, prit possession de l’île; mais elle fut obligée de la restituer l’année suivante, après diverses négociations entre les deux cours, et c’est à l’occasion de la rencontre de Quadra et de Vancouver pour opérer cette cession que l’île prit le nom de ces deux marins. Pendant plus d’un demi-siècle, l’Angleterre fut détournée, par les événemens politiques et par l’essor même de ses autres colonies, de s’occuper de son petit établissement de Vancouver. Enfin le gouvernement songea à relier le territoire occidental de l’Amérique à ses possessions du Canada, et concéda l’île à la compagnie de la baie d’Hudson, à charge de la coloniser. Quelques essais d’établissement furent aussi tentés sur le continent; mais la compagnie imposa à l’immigration un programme si restreint et si peu libéral que la concession lui fut retirée. Dans l’intervalle, les gîtes aurifères avaient été découverts, l’île et le territoire rentrèrent sous la direction immédiate de la couronne, qui a pris, il est juste de le reconnaître, de sages mesures pour y porter une émigration honnête et sérieuse. C’est le 2 août 1858 que la colonie de la Colombie anglaise a été instituée par acte