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LE PAVÉ.
Durand.

Oui, oui, sois tranquille ! Personne autre que toi ne commandera ici !

Louise.

Mais, monsieur, au contraire, je…

Durand.

Sois tranquille, je te dis ! Mais je crois que j’ai faim, Louise ; je ne sais pas si j’ai déjeuné ce matin. Je me sens la poitrine tout en feu…

Louise.

Je parie bien que vous n’y avez pas songé ! Votre repas vous attend. Allez donc, monsieur, allez donc vite.

Durand.

Mais,… tu vas venir, n’est-ce pas ? Je n’entends plus que tu me passes mon assiette, c’est l’affaire de M. Coqueret. Tu causeras avec moi, tu me parleras de tes poules, de ton chevreau. Il va bien, ton petit chevreau ?

Louise.

Oui, oui, monsieur, allez !

Durand.

Ah ! ma foi, j’ai le cœur content d’être revenu, de revoir ma maison, mon jardin, et toi surtout ! Au revoir, Louisette ! (il sort par le fond.)


Scène VII.

Louise, seule.

Y a-t-il sur la terre un meilleur homme, un plus doux maître que celui-là ? Non, il n’y en a pas, et plus il me gâte, plus j’ai de crainte et de souci ! Le bon Dieu sait pourtant que ça n’est pas de ma faute, ce qui arrive ! Jamais je n’aurais pensé…


Scène VIII.

LOUISE, COQUERET.
Louise.

Il est temps d’arriver !

Coqueret, qui apporte la veste et les pantoufles.

Ne me gronde pas, Louise ! Ce n’est pas ma faute. Je ne pouvais pas trouver les pantoufles, je n’en trouvais qu’une. C’est les rats qui avaient promené l’autre jusque sous le lit. Dame ! c’est la faute à monsieur ! Il ne veut pas souffrir de chats dans la maison depuis