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et le monde germanique? Sur ce domaine, les grandes questions ne manquent pas. Ne serait-il pas utile de rechercher en quoi diffèrent originairement «es deux familles d’une même race? Ne pourrait-on suivre ces différences dans leur ancienne littérature, même dans leurs traditions primitives aussi bien que dans leur développement ultérieur? L’intérêt général de telles études serait incontestable, et elles serviraient assurément au but particulier qu’on s’est proposé. — Ce but lui-même, cette intention de rapprocher les trois pays par leurs universités, c’est-à-dire par tous les jeunes esprits à qui appartient l’avenir, où donc est-il clairement exprimé et avec quelque développement dans les articles dont se compose le recueil suédois en dehors des devises que nous avons dites? Il est vrai que toutes les fois qu’une fête scandinave est célébrée dans l’un des trois royaumes, les harangues qu’on y a prononcées sont vite insérées dans la Revue universitaire, il est vrai que le prospectus inséré en tête de la première livraison dit clairement ce que l’on veut faire; mais en réalité peu d’écrivains ont développé et mis en pratique l’intention qu’on avait annoncée. — Cela nous conduit à un autre reproche : la composition de chaque fascicule n’est pas assez habilement entendue. M. le professeur Bergfalk, d’Upsal, est assurément un fort habile économiste, d’un esprit libéral et élevé; mais pourquoi abandonner toute une livraison à ses documens pour servir à l’histoire des crises commerciales des cent dernières années? Quoi! l’université d’Upsal n’a dans cette œuvre commune qu’une livraison par an, et voilà le peu de variété qu’elle nous offre! Quand on pense à l’activité scientifique et littéraire de cette grande école, à la science et à la renommée de ses professeurs, on ne peut s’empêcher de regretter qu’elle ne saisisse pas une occasion comme celle que lui offre la Revue universitaire pour multiplier d’intéressans témoignages de cette activité en présence et au profit des lecteurs étrangers.

Je m’aperçois que je n’ai guère encore exprimé que des griefs, et je prenais la plume cependant pour exprimer des sympathies et des félicitations. Que les intelligens éditeurs de ce recueil veuillent voir dans nos remarques le sincère désir de servir, s’il est possible, nous aussi, la cause qu’ils veulent soutenir. Ils ont publié de fort curieuses études sur la mythologie et l’ancienne littérature du Nord, par MM. Cari Säve, Grimur Thomsen, Thaasen, etc. Le travail de ce dernier sur le mythe de l’arbre Yggdrasil, et pour rechercher si l’origine de ce mythe a été chrétienne, est assurément de beaucoup de prix. Les études historiques de M. Hammerich et de M. Fryxell répondent à la réputation de leurs auteurs. Les travaux économiques dus à la plume du feu professeur Agardh sont d’une rare clarté d’exposition. La revue des anciens usages universitaires qu’a donnée M. Ek est un intéressant tableau de l’histoire des mœurs au moyen âge. Rien de mieux que de nous entretenir, comme l’ont fait MM. Lysander, Ljunggren, Hammerich et d’autres, des poètes modernes de la Scandinavie, de Holberg, d’Atterbom, d’OEhlenschlaeger, de Bellman. D’excellens morceaux scientifiques enfin nous ont permis de suivre, d’une façon trop fragmentaire cependant, les progrès des sciences naturelles chez les peuples Scandinaves, qui leur ont imprimé de tout temps un si puissant essor. Peut-être cette publication universitaire du Nord pèche--