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même zèle en Hainaut, donna en même temps et par les mêmes motifs sa démission de député.

La liste des membres du clergé s’ouvrait par le nom de l’évêque de Chartres, M. de Lubersac, qui devait aussi faire partie de l’assemblée nationale; l’évêque d’Orléans, M. de Jarente, à qui son grand âge n’avait pas permis d’assister aux séances, était représenté par son neveu et coadjuteur, l’évêque d’Olba. Passons quelques noms qui n’ont pas pour nous la même importance que pour les contemporains, entre autres celui de l’abbé de Bausset, grand-vicaire d’Orléans et plus tard évêque de Vannes, qu’il ne faut pas confondre avec le futur cardinal de ce nom, qui siégeait alors, comme évêque d’Alais, aux états du Languedoc, et arrivons à ceux que les événemens ultérieurs ont le plus distingués : l’abbé Louis, conseiller-clerc au parlement de Paris, chargé par Louis XVI de plusieurs missions diplomatiques, administrateur du trésor sous l’empire, ministre des finances sous deux gouvernemens, en 1815 et en 1830, et l’abbé Sieyès ou de Sieyès, car les procès-verbaux[1] lui donnent indifféremment les deux noms, alors chanoine et vicaire-général à Chartres, et qu’il suffit de nommer.

Dans la noblesse, le nom qui suit immédiatement le duc de Luxembourg est celui du comte de Rochambeau, né à Vendôme en 1725, lieutenant-général, gouverneur de Picardie et cordon bleu, qui avait commandé le corps auxiliaire envoyé par Louis XVI au secours des insurgés d’Amérique, et qui allait bientôt recevoir le bâton de maréchal de France. Après lui venaient trois futurs membres de l’assemblée nationale, le vicomte de Toulongeon, qui appartenait par sa famille à la Franche-Comté, mais qui possédait une terre en Orléanais, et qui, alors colonel comme M. de Tracy, devait mourir, comme lui, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques ; le baron de Montboissier, non moins connu pour la hardiesse et la liberté de ses opinions, et le marquis d’Avaray, grand-bailli d’Orléans, grand-maître de la garde-robe de Monsieur et père de ce comte d’Avaray qui facilita l’émigration du prince et devint son ministre dans l’exil. On s’étonne au premier abord de ne pas trouver sur cette liste le nom de Malesherbes, qui possédait en Orléanais la terre dont il portait le nom et qui aimait à y séjourner; mais on s’explique son absence en songeant qu’il était alors ministre : sans aucun doute il aurait fait partie plus tard de ces assemblées, dont il avait des premiers conseillé la création[2].

Dans le tiers-état, un nom éclipse tous les autres, celui de Lavoi-

  1. 1 vol. in-4o, imprimé à Orléans, chez Couret de Villeneuve, éditeur du Journal d’Orléans.
  2. Les fameuses remontrances de la cour des aides, du mai 1775, écrites sous la présidence et sous la dictée de Malesherbes, finissaient par cette conclusion : « Le vœu unanime de la nation est d’obtenir des états-généraux ou au moins des états provinciaux. »