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ce qu’on poursuivait sous toutes les formes, l’égalité dans la liberté. ; Les provinces ont cru s’assurer par là une représentation locale, des droits effectifs, et, au lieu de fortifier l’ancienne centralisation monarchique, l’assemblée constituante a cru la détruire ; elle allait même dans cette voie plus loin qu’il n’était nécessaire, puisqu’elle avait supprimé les intendans.

Quand l’assemblée eut terminé cette organisation laborieuse, le roi voulut donner à son approbation une solennité particulière. Il se rendit à l’assemblée le 4 février 1790, et prononça un discours accueilli par des acclamations enthousiastes. « Je crois, dit-il, le moment arrivé où il importe à l’état que je m’associe d’une manière encore plus expresse et plus manifeste à l’exécution et à la réussite de ce que vous avez concerté pour l’avantage de la France. Je ne. puis saisir une plus grande occasion que celle on vous présentez à mon acceptation les décrets destinés à établir dans le royaume une organisation nouvelle qui doit avoir une influence si importante et si propice pour le bonheur de mes sujets et pour la prospérité de cet empire. Vous savez qu’il y a plus de dix ans, et dans un temps où le vœu de la nation ne s’était pas encore expliqué sur les assemblées provinciales, j’avais commencé à substituer ce genre d’administration à celui qu’une ancienne et longue habitude avait consacré. L’expérience m’ayant fait connaître que je ne m’étais point trompé dans l’opinion que j’avais conçue de l’utilité de ces établissemens, j’ai cherché à faire jouir du même bienfait toutes les provinces de mon royaume, et pour assurer aux nouvelles administrations la confiance générale, j’ai voulu que les membres dont elles devaient être composées fussent nommés librement par tous les citoyens. Vous avez amélioré ces vues de plusieurs manières, et la plus essentielle sans doute est cette subdivision égale et parfaitement motivée, qui, en affaiblissant les anciennes séparations de province à province, réunit davantage à un même esprit et à un même intérêt toutes les parties du royaume. Cette grande idée, ce salutaire dessein, vous sont dus ; il ne fallait pas moins qu’une réunion des volontés de la part des représentons de la nation. »

En parlant ainsi, Louis XVI était certainement de bonne foi, et l’assemblée elle-même n’était pas moins sincère dans ses témoignages d’amour et de reconnaissance. On put croire un moment, « dans l’enivrement de cette séance, que les sinistres présages des 5 et 6 octobre étaient conjurés, que l’union du roi et de l’assemblée allait fonder en France la liberté. Les passions qui fermentaient à Paris s’agitèrent avec plus de violence ; dix-huit mois après, la monarchie constitutionnelle succombait au 10 août. Avec elle disparut tout espoir de liberté provinciale. La commune révolutionnaire de