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suite des mêmes causes. Ces pleurs sont donc non-seulement expliqués, mais reproduits au moyen d’appareils où la vie végétale n’existe pas.


III.

Les actions moléculaires sont relativement très simples lorsqu’elles s’exercent entre un solide et un liquide déterminés ; mais elles se compliquent extraordinairement toutes les fois qu’on plonge des corps poreux composés de particules hétérogènes dans des mélanges de différens liquides. C’est précisément ce qui a lieu dans les animaux et dans les végétaux, et c’est vraisemblablement à cette extrême complication des organes que nous devons attribuer la multiplicité des effets auxquels nous assistons. Nous ne pourrons les expliquer dans leur ensemble qu’après avoir réalisé dans nos expériences de laboratoire des conditions d’organisme analogues. Nous sommes naturellement moins avancés dans l’étude de ces problèmes complexes que dans celle des questions élémentaires ; mais ce sera encore un enseignement utile que de montrer ce qui nous manque, tout en faisant voir que l’expérience nous a déjà beaucoup appris et qu’elle promet de tout nous dévoiler, pourvu qu’on ait la patience de la consulter.

Quand on plonge un tube capillaire de verre dans l’eau, elle s’y élève beaucoup ; si on le met dans l’huile, celle-ci y monte à une moindre hauteur ; enfin, si on remplace ce tube de verre par un autre qui ait les mêmes dimensions, mais qui soit de nature différente, on verra les phénomènes varier en intensité tout en conservant les mêmes caractères généraux. Les forces moléculaires dépendent donc de la nature des corps entre lesquels elles s’exercent. Sous ce rapport, elles ont de l’analogie avec cette force productrice des combinaisons chimiques que l’on nomme affinité, et qui a pour caractère spécial de dépendre exclusivement de la nature des deux substances qui se combinent. On peut donc considérer les forces moléculaires comme un premier degré de l’affinité et leur donner le nom d’affinité capillaire que M. Chevreul a proposé. L’exactitude de cette assimilation est attestée par des faits nombreux. On sait en effet que l’affinité, toutes les fois qu’elle s’exerce, développe de la chaleur, et il y a longtemps que M. Pouillet a constaté que la température s’élève dans une masse poreuse quelconque au moment de son imbibition ; on sait également que deux corps, en se combinant, dégagent de l’électricité, et un physicien allemand, M. Quinkle, vient de découvrir qu’on développe un courant électrique très fort en faisant filtrer de l’eau par pression à travers un corps poreux. Voyons maintenant les conséquences qui résultent de cette spécia-