Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/429

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que possible. Mille huit cent quarante-trois possesseurs de biens nobles avaient présenté leurs titres, huit cent quarante-huit étaient en retard, et suivant toute apparence la plupart au moins devaient être rayés de la liste.

La session de 1786 fût la dernière dans la Haute-Guienne comme en Berri. L’emprunt de 3 millions en dix ans n’avait été autorisé par le roi que pour la moitié, c’est-à-dire 1,500,000 francs en cinq ans. Le parlement de Toulouse fit quelques difficultés pour enregistrer l’édit, mais il finit par s’y décider, et tel fut l’empressement des capitalistes que la souscription fut couverte en huit jours. Ce témoignage de la confiance universelle est assurément le plus bel éloge qu’on puisse faire de l’administration de la province. Tous les documens communiqués à l’assemblée attestent le bon effet des mesures prises, notamment pour les ateliers de charité. « On n’a pu qu’être saisi d’admiration, dit un de ces rapports, en voyant ce grand nombre de routes vicinales traverser et vivifier nos campagnes jusqu’à présent inaccessibles, en voyant des marais malsains devenir des prairies fertiles, des cantons secs et arides auparavant pourvus’ aujourd’hui de réservoirs abondans et suffisans pour nourrir des hommes et des bestiaux dans toutes les saisons de l’année, en voyant enfin une grande quantité d’ateliers ouverts où le pauvre de tout âge est nourri, la jeunesse de tout sexe occupée au travail, et où elle conserve en travaillant les mœurs que l’oisiveté et la misère lui auraient infailliblement fait perdre. » Pour achever son ouvrage, rassemblée fonda des bureaux de bienfaisance dans toutes les communes, et prit des mesures sévères pour la répression de la mendicité.

Le roi venait de lever un des plus grands obstacles qui eussent retardé jusqu’alors la prospérité des provinces. En sus des corvées le trésor royal allouait tous les ans 5 millions aux ponts et chaussées pour frais de personnel et travaux d’art ; mais ce fonds était reparti très inégalement. Un édit porta qu’à l’avenir les contributions payées par chaque province pour les travaux publics seraient employées autant que possible au profit du pays qui les aurait fournies. La contribution annuelle de la Haute-Guienne à la caisse des ponts et chaussées s’élevait à 216,000 livres ; sur cette somme, elle ne recevait originairement que 40,000 livres à peu près, absorbées par les frais de personnel, et, sur les réclamations constantes de la commission intermédiaire, cette allocation annuelle avait été portée à 90,000 livres ; on estimait que, déduction faite des frais généraux, une nouvelle somme de 60 à 80,000 livres allait faire retour annuellement. Avec cette ressource, accrue de l’emprunt, de l’impôt spécial, des fonds de charité, des souscriptions volontaires, la province allait disposer d’un fonds annuel de plus de 600,000 livres pour les