Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la réunit point en 1788 à cause de l’agitation générale qui avait suivi la convocation des états-généraux, et le décret de l’assemblée constituante qui institua la nouvelle organisation départementale mit fin à son existence.


II. — LA HAUTE-GUIENNE.

La généralité de Montauban, qui, sous le nom de Haute-Guienne, reçut en 1779 la seconde assemblée provinciale, comprenait les anciennes provinces de Rouergue et de Quercy, ou les deux départemens actuels de l’Aveyron et du Lot, avec une partie de Tarn-et-Garonne. Elle contenait quatre évêchés : Cahors, Montauban, Rodez et Vabres, et six élections, dont trois en Rouergue : Villefranche, Rodez et Millau, et trois en Quercy : Montauban, Cahors et Figeac. Ces six élections forment aujourd’hui dix arrondissemens. La généralité avait 1,600,000 hectares d’étendue, et contenait 530,000 habitans, ou 30 par 100 hectares, comme en Berri, quoique le sol y fût bien autrement montueux et stérile. On y payait 22 livres 5 sols de contributions par tête, tandis que la généralité de Bourges ne payait que 15 livres 12 sols, et cette différence dans le produit des impôts peut être considérée comme indiquant assez exactement la différence de richesse. La taille était plus forte dans la généralité de Montauban, mais moins, arbitraire. Le Quercy était rédimé de l’impôt du sel, et le Rouergue n’avait à supporter que les petites gabelles, tandis que la grande gabelle pesait de tout son poids sur le Berri.

Avec les provinces voisines de la Haute-Auvergne et du Gévaudan, le Rouergue forme le nœud de montagnes le plus hérissé de France. Trois rivières, ou plutôt trois torrens, en découlent, — le Lot, l’Aveyron, le Tarn, — et partagent le Rouergue en trois grandes chaînes qui se subdivisent en une foule de chaînons. Moins élevé, le Quercy se divisait en deux groupes, le haut, presque tout composé de plateaux calcaires que perce le cours sinueux du Lot, et le bas, plus uni et plus fertile, où le Tarn et l’Aveyron viennent mêler leurs eaux avant de se jeter ensemble dans la Garonne.

Au moyen âge, le Rouergue et le Quercy avaient eu leurs états particuliers. L’histoire locale a conservé la liste des membres des derniers états du Rouergue. On les appelait dans le pays les petits états par allusion à ceux de la grande province voisine, le Languedoc. Le clergé y comptait une trentaine de membres ; à côté des deux évêques de la province siégeait l’abbé ou dom d’Aubrac, ce mont Saint-Bernard de la France, fondé au XIIIe siècle sur la cime à peine accessible des montagnes de la Guiole. Le Larzac presque tout entier appartenait à une commanderie de l’ordre du Temple, dont le titulaire avait aussi un siège aux états du Rouergue, ainsi que les abbés