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de la Rue-Impériale. Créée au capital de 10 millions 1/2 en actions, elle a dû contracter, sous forme d’obligations, des emprunts qui s’élèvent à 20 millions de francs. Ces obligations, émises à 540 francs et remboursables à 625, rapportent 25 francs d’intérêt. La société de la Rue-Impériale s’est chargée à ses risques et périls, moyennant un forfait, de l’expropriation de tous les immeubles nécessaires pour l’ouverture d’une voie de 22 mètres de large et de 1 kilomètre de long. La Rue-Impériale prend naissance au centre de l’activité et du commerce lyonnais ; se continuant entre les deux grands fleuves qui donnent à la capitale industrielle de la France un si remarquable caractère, elle a transformé la ville même en lui assurant une de ces larges voies de circulation qui sont l’ornement nécessaire des grandes cités modernes. Néanmoins, et malgré le bas prix relatif des terrains et des constructions, cette entreprise n’a donné que des résultats médiocres. Le prix du terrain a été d’environ 500 francs par mètre, la construction a coûté de même 500 francs par mètre superficiel. Les intérêts du capital dépensé jusqu’au moment de la location s’élèvent à 200 francs, ce qui donne un total de dépenses de 1,200 francs par mètre. Aujourd’hui le revenu des 25,000 mètres construits ne dépasse pas, pour les locations faites, 1,500,000 francs. Il reste encore environ pour 200,000 francs de locations à faire. Si l’on déduit de ce total les intérêts et l’amortissement des emprunts, on trouve que le revenu actuel des actions n’est que de 20 francs ou A pour 100 du capital.

La municipalité de Lyon avait laissé les dépenses de l’expropriation, moyennant un forfait, à la charge de la société de la Rue-Impériale. Cette décision a occasionné de graves mécomptes, et telle est assurément la cause du peu de succès de cette opération. Depuis lors, on a suivi une voie toute différente ; on a laissé le soin comme les risques de l’expropriation à qui de droit, c’est-à-dire au pouvoir municipal, en vendant aux tiers les terrains expropriés ou à exproprier d’après un prix ferme stipulé à l’avance. C’est ainsi que la rue de l’Impératrice, parallèle à la Rue-Impériale, a été commencée et construite par les soins de l’une de ces sociétés d’entrepreneurs si nombreuses dans la ville de Lyon. Déjà la rue de la Bourse avait été achevée par une réunion d’entrepreneurs de toutes professions, au nombre d’environ cinquante. Dix affaires semblables ont été menées à fin, grâce à une combinaison ingénieuse en principe, mais qui dans l’avenir peut donner naissance à de graves difficultés. Des entrepreneurs se réunissent pour acheter un terrain, dont la plupart du