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d’administration avait obtenu en 1858 de l’assemblée générale des actionnaires l’autorisation de contracter des emprunts pouvant s’élever jusqu’à 24 millions ; il n’avait cette année même emprunté que 11 millions. En 1859, il a demandé au Crédit foncier une nouvelle somme de 3,600,000 francs ; depuis lors, il a complété le chiffre de 24 millions, et dans l’assemblée tenue le 20 avril 1861 il a été autorisé à se procurer de nouvelles ressources jusqu’à la concurrence de 40 millions, soit par des emprunts au Crédit foncier, soit par l’émission d’obligations sociales. En ce moment, la société ouvre une souscription publique de 18 millions d’obligations. Le système de ces emprunts a été jusqu’ici très favorable à la Société immobilière, puisqu’elle a employé l’argent emprunté en opérations dont le produit est supérieur à l’intérêt des emprunts, et que sur le seul intérêt de sa réserve elle a trouvé le prix de l’amortissement. C’est en tenant compte de ces importans résultats qu’on a pu affirmer que dans un délai de quarante-cinq années le capital social se trouverait plus que doublé.

Grâce à ces combinaisons, le Crédit foncier lui-même a vu s’élargir singulièrement le cercle de ses opérations, et l’on peut dire que les destinées des deux sociétés se confondent réellement. À mesure que s’élèveront des constructions nouvelles, la Société immobilière offrira de nouveaux gages au Crédit foncier, dort les prêts serviront eux-mêmes à édifier d’autres immeubles. Le concours de ces deux sociétés rendra de plus en plus facile l’accession de la propriété immobilière au plus grand nombre, car les immeubles bâtis se prêtent d’autant mieux à la vente, qu’il faut débourser un moins grand capital pour les acquérir et qu’on peut se libérer par annuités. Le rôle rempli par la Société immobilière et par le Crédit foncier dans l’accomplissement des grands travaux de Pari » peut assurément être étendu à d’autres villes de France. Il n’est pas besoin de démontrer combien d’avantages en découleraient pour ces villes elles-mêmes, comme pour ceux qui destineraient leurs capitaux à un pareil emploi[1].

À Lyon, une société anonyme a été formée pour la construction

  1. ) Il existe à Paris un assez grand nombre de sociétés immobilières par actions, sociétés civiles ou en commandite. On pourrait cité la Compagnie générale immobilière, qui n’est pas la même que la Compagnie immobilière de Paris, la Société immobilière de la place du Palais-Royal, les sociétés civiles des bâtimens et galerie Colbert, du passage des Panoramas, de la galerie Véro-Dodat, bien d’autres encore. Quoique les actions de ces sociétés puissent se transférer et se négocier assez aisément, au moins pour quelques-unes d’entre elles, elles jouent dans le mouvement général un rôle trop restreint ou trop effacé pour mériter d’être étudié.