Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 30.djvu/860

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pétulance; qu’on observe cependant qu’il se trouvait dès l’origine en présence d’une proposition de concordat qui, au prix de certaines réformes à demi acceptées à Rome, lui imposait un affranchissement à peu près complet de l’église vis-à-vis de l’état, et que d’un autre côté, quelque désir qu’il eût de s’accorder avec le saint-siège, il ne pouvait abandonner le droit souverain qu’a la puissance civile de réformer ce qui est du domaine civil.

Il faut être juste, même en étant sévère. M. L’évêque d’Orléans lait peser sur le gouvernement piémontais ces accusations de spoliation de l’église, d’incamération des biens ecclésiastiques, et cependant M. de Cavour s’est prononcé avec une netteté presque imprévue contre des mesures de ce genre et en faveur du principe des propriétés religieuses. « L’incamération des biens ecclésiastiques, disait-il un jour dans le parlement, nous ferait un clergé ou entièrement hostile ou entièrement servile, ce qui serait également funeste à la liberté et à la religion. Je désire que la question soit discutée; alors je pourrai exposer nettement les motifs pour lesquels, tant que je vivrai, et comme ministre et comme député, je resterai fidèle à cette opinion... Je le répète, quelles que soient les conséquences de mes paroles, je combattrai cette mesure aujourd’hui et toujours... » Et de fait la loi des couvens n’a nullement le caractère d’une atteinte au principe de la propriété religieuse. M. L’évêque d’Orléans fait un texte de récriminations d’une loi sur le mariage civil, et cette loi, présentée en effet, n’avait qu’un malheur : elle n’organisait pas sérieusement le mariage civil, elle était retirée, comme l’avoue M. Dupanloup lui-même, et peu avant les derniers événemens M. de Cavour déclarait encore qu’il quitterait le pouvoir plutôt que de présenter de nouveau une loi semblable, car M. de Cavour, s’il faut le dire, n’était nullement persuadé que le Piémont sentît le besoin d’une loi sur le mariage civil. L’auteur de la Souveraineté pontificale parle « d’ordres charitables supprimés, » et ces ordres, aussi bien que ceux qui se consacrent à la prédication, à l’enseignement, et bien d’autres ont précisément été maintenus. Je n’ignore pas que dans le feu de ces luttes religieuses quelques prélats ont été victimes d’un excès d’ardeur, et de ce nombre est l’archevêque de Turin, Mgr Fransoni, Malheureusement on ne peut oublier à Turin ce qui rendit inévitable l’exil de Mgr Fransoni, le refus des sacremens et de la sépulture religieuse fait au comte Santa-Rosa, qui avait coopéré comme ministre à l’abolition des juridictions ecclésiastiques. Il ne suffisait pas que le comte Santa-Rosa déclarât qu’il n’avait pas cru manquer aux lois de la religion, et qu’il désirait mourir, comme il avait vécu, dans la communion catholique, soumettant son jugement à celui de l’église; il fallait qu’il fit publiquement abdication de sa conscience. Pour moi, j’ai entendu d’une