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valeur de 4 ou 600 francs. Quoiqu’on ne consacre aux plantes industrielles que 8 ou 9 pour 100 de la surface productive, elles jouent un rôle considérable dans l’économie rurale de la Flandre. Ce sont elles qui, par les grands produits qu’elles donnent, permettent aux cultivateurs d’acheter des engrais commerciaux, d’améliorer leurs terres et de payer une rente très élevée, même pour des terres médiocres. Du succès de cette culture dépendent donc la prospérité et l’enchaînement des autres récoltes.

Les bols taillis et de haute futaie deviennent de plus en plus rares, car on en défriche tous les ans. Dans les districts médiocrement peuplés, on les remplace par des plantations de sapins ; dans les autres, on livre le sol à la culture. Les taillis sont en général de bonne qualité, et, coupés tous les sept ans, ils donnent un produit de 3 ou 500 fr. à l’hectare. Les arbres de haute futaie ne se rencontrent plus guère que le long des routes et aux bords des champs.

La Flandre possède une quantité considérable de gros bétail. Le nombre des moutons, au contraire très petit, ne dépasse pas 80,000 pour les deux provinces. Celui des chèvres est relativement plus grand : on en compte 50,000, qui donnent du lait aux ménages trop pauvres pour avoir une vache. Il y avait autrefois dans chaque commune flamande une ou deux fermes qui nourrissaient chacune une centaine de moutons, l’hiver avec du fourrage sec, l’été en les faisant paître le long des chemins et des fossés ; mais depuis que, par suite de l’exportation, le prix du beurre dépasse en moyenne 2 fr. 25 cent, le kilo, les cultivateurs trouvent plus avantageux de nourrir des vaches et d’élever des poulains. Le nombre des moutons diminue donc d’année en année, et l’on ne s’en plaint pas, car on y voit la preuve que l’agriculture est en progrès. En Angleterre également, dans les fermes où l’on adopte le high farming, on remplace une partie des bêtes à laine par des bêtes à cornes nourries à l’étable. — Les chevaux de labour flamands sont renommés, et non sans raison ; ils ressemblent à ces coursiers énormes que montaient au moyen âge les chevaliers bardés de fer, et dont Rubens aimait à dessiner les puissantes encolures ; ils ont moins d’ardeur et de nerf que les chevaux du Perche, mais ils sont excellons pour les travaux de la terre. Chaque année, les marchands anglais viennent acheter les meilleurs, surtout les plus gros, dans les prix de 1,000 ou 1,200 francs. En 1846, on comptait dans les deux provinces 59,257 chevaux, soit, sur 100 hectares de superficie, 9 dans la Flandre occidentale et 14 dans la Flandre orientale. — Les bêtes à cornes appartiennent presque toutes à la race flamande, qui donne beaucoup de lait, mais qui se prête moins à l’engraissement. L’état et quelques particuliers ont fait venir des taureaux et des génisses durham, et les jeunes bêtes issues du croi-