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grains n’est pas toujours suffisant pour couvrir les frais. Le blé ne domine comme culture que dans la zone du littoral et dans la région qui longe le département du Nord et le Hainaut. L’orge, cet élément de la boisson nationale, donne ici un rendement supérieur à celui des autres pays. En Angleterre, on n’évalue la production moyenne de cette céréale qu’à 26 hectolitres ; en France, dans le Finistère, où l’orge rend le plus, à 33 hectolitres ; dans les Flandres à 37 en moyenne, et dans les bonnes terres de 50 à 60 hectolitres. La pomme de terre est le mets favori des cultivateurs flamands. On consacre à ce tubercule 10 ou 12 pour 100 de la superficie arable, et le rendement, extrêmement inégal suivant les années, varie de 100 à 260 hectolitres par hectare. L’avoine, très demandée à cause du grand nombre de chevaux qu’on nourrit, est bien cultivée et donne de 37 à 40 hectolitres. Le sarrasin est une plante précieuse, parce qu’elle est la seule qui permette ici d’épargner l’engrais. Quoique le rendement n’en soit que de 21 à 22 hectolitres, elle occupe une certaine place dans l’assolement, et depuis que la maladie atteint les pommes de terre dès la fin de juillet, en les butant on sème du sarrasin, qui se développe au moment où les fanes meurent, et qui, tout en étouffant les mauvaises herbes, donne encore une assez bonne seconde récolte.

Dans la région sablonneuse, on l’a vu déjà, 35 ou 40 pour 100 de l’étendue des terres arables sont consacrés à produire de la nourriture pour le bétail, green crops, tant en première qu’en seconde récolte. En y ajoutant 15 ou 16 pour 100 de prairies permanentes pâturées ou fauchées, on arrive à constater ce résultat satisfaisant, que plus de la moitié de la surface productive est occupée par des plantes qui servent à faire de la viande et de l’engrais. L’humidité du climat est favorable aux prairies permanentes ; mais généralement le sol ne l’est point. Sans engrais, ces prairies produisent peu et se remettent bientôt en bruyères. On a essayé de faire des prairies artificielles de luzerne ; mais cette utile légumineuse ne réussit point, même dans les meilleures terres, et l’on y a renoncé. Le trèfle ordinaire, mêlé de ray-grass, et le trèfle incarnat la remplacent. On ne rencontre que peu d’herbages, sauf autour des maisons, dans les vergers et le long des ruisseaux et des rivières ; mais dans le bassin des cours d’eaux que les crues d’hiver font déborder, on trouve des prairies à faucher excellentes, qu’on peut opposer aux fameuses marcite du Milanais, quoiqu’elles ne donnent qu’une ou deux coupes au plus et un regain. Celles que fertilisent les débordemens annuels de l’Escaut et de la Lys produisent annuellement de 3 à 400 fr. par hectare, et valent de 8 à 10,000 fr. Dans les environs de Furnes et d’Ostende et dans toutes les terres d’alluvions, les pâturages occu-