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UNE PARQUE
SCÈNES DE LA VIE ANGLAISE

SECONDE PARTIE.[1]

Ἔπειτα ποίας ἡμέρας δοκεῖς μ’ ἄγειν
Ὅταν θρόνοις, Αἴγισθον ἐνθακοῦντ’ ἴδω
Τοῖσιν πατρῴοις.

(Sophocle, Électre.)


V.

Le bonheur ne se raconte pas, dit-on, à plus forte raison certaines tristesses, mornes, tranquilles, désespérées, comme celle où je restai plongée à partir de la découverte que je venais de faire. Rien ne pouvait m’en distraire, mais rien n’y ajoutait. Lorsque j’appris de Hugh, — par l’intermédiaire de ma fidèle amie mistress Wroughton, — qu’ « afin de faire cesser les bruits qui pouvaient nuire à mon avenir, » il avait, au risque de compromettre ses espérances, hâté sa demande en mariage, — que les Glynne avaient fini par céder aux instances de leur fille, — que l’hymen convenu était ajourné à six mois, — tout cela me fut indifférent. Hugh m’avait fait demander par la même voie, comme gage de pardon et d’amitié, l’esquisse dont j’ai parlé plus haut, ce dessin qui me représentait sous les traits d’Electre ou de Clotho. Je le retirai des pages de mon Sophocle et lui envoyai de bon cœur ce vestige de « mes jours heureux. » Ma mère, me voyant m’abandonner à une mélancolie dont

  1. Voyez la livraison du 15 novembre.