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cinq bataillons, — un de cavalerie, six d’artillerie, un du génie et vingt-sept de rifles. On distinguait parmi ces derniers la compagnie des avocats d’Édimbourg, l’une des premières formées en Écosse, sinon dans tout le royaume-uni. Les corps d’highlanders s’avancèrent au son de la cornemuse, et les différentes couleurs de leurs uniformes, leurs membres nus et vigoureux, leur marche hardie et rapide, qui les a fait comparer au torrent de la montagne, saisirent d’enthousiasme tous les spectateurs. À la tête de la seconde division de cette armée figurait le général Cameron, remarquable par ses talens militaires et sa noble physionomie. Il serait superflu d’essayer un parallèle entre cette revue et celle qui avait eu lieu à Londres deux mois auparavant : toutes les deux exercèrent une grande influence en inspirant à la jeune armée une confiance énergique dans ses forces et en appelant de nouvelles recrues. L’Irlande est jusqu’ici la seule île du royaume-uni où l’organisation des volontaires ait été arrêtée par des obstacles. Ces obstacles sont venus de la part du gouvernement anglais. Pour ceux qui, à l’étranger, représentent sans cesse la pauvre Irlande comme écrasée par la main de sa sœur aînée, il y a là un beau champ d’invectives et de déclamations. Ce n’est point ici le lieu de discuter si l’Irlande est ou n’est pas opprimée en général par l’Angleterre ; mais on ne peut blâmer le gouvernement anglais de refuser le droit de porter les armes à un pays agité par de sauvages querelles religieuses. On ne se défie point, comme l’a dit avec esprit lord Palmerston, du courage des Irlandais ; on craint au contraire qu’ils ne se battent trop bien, et surtout qu’ils ne se battent entre eux. Dois-je ajouter que partout ailleurs qu’en Irlande, c’est-à-dire partout où la guerre civile n’est point à redouter, les enfans de la verte Érin ont pu et peuvent encore tous les jours se former en divisions de volontaires ? Il suffit pour s’en convaincre de jeter les yeux sur l’Irish brigade de Londres, l’une des plus florissantes compagnies qui existent dans la Grande-Bretagne.

On connaît maintenant l’organisation des volontaires. À cette institution s’en rattache une autre qui en est comme le couronnement : je parle de la National rifle-shooting association[1]. Veut-on savoir comment se complète et s’achève l’éducation des riflemen ? C’est au milieu des tirs et à l’école de mousqueterie de Hythe qu’il faut nous transporter. Là, nous jugerons mieux de la science pratique des volontaires et de l’usage qu’ils comptent faire de leurs armes sur un champ de bataille.

  1. Association indépendante et distincte de colle des riflemen, quoique enracinée dans le même mouvement, qui se propose d’encourager le tir à la carabine.