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ensuite aux petites cours de s’entendre sur celui des candidats qu’il faudra définitivement choisir. Celui-ci sera investi de tous les pouvoirs déférés par les lois fédérales au généralissime de la confédération. Les autres dispositions de la convention de Wurtzbourg sont relatives à la concentration de ces quatre corps d’armée fournis par les états secondaires : le cas échéant, ils doivent être mobilisés en quinze jours. Les règlemens concernant la marche, les logemens, les transports par chemins de fer, seront concertés plus tard entre les divers gouvernemens, ainsi que les arrangemens relatifs à l’organisation intérieure des corps. On ne connaît point encore l’accueil fait par l’Autriche et par la Prusse à ce travail des gouvernemens secondaires ; on dit seulement que des commissaires autrichiens et prussiens vont se réunir à Berlin pour l’examiner en commun. La Prusse et l’Autriche tomberont-elles d’accord sur un projet qui, à l’application, suppose des nécessités si nombreuses de négociations particulières ? C’est ce qui nous touche médiocrement. Nous avons voulu seulement faire voir, en montrant toutes ces broussailles d’hypothèses, de distinctions et de réserves qui obstruent pour l’Allemagne le passage de l’état de paix à l’état de guerre, combien il est difficile à la confédération germanique de se donner un général en chef et d’opérer une rapide concentration de troupes. Un pays organisé de telle sorte que dans ses préoccupations de guerre il ne puisse pas aboutir à un plan plus pratique et plus expéditif ne semble-t-il pas constitué exprès par la Providence pour jouir éternellement de la béatitude promise aux pacifiques ? N’y a-t-il pas une sorte de cruauté funeste dan ? cette force des circonstances qui oblige un tel pays à faire des tentatives pénibles et embrouillées pour sortir d’une constitution si favorable à la tranquillité de ses voisins ? Cette force mystérieuse qui a imprimé un tour guerrier aux idées de l’Europe, nous n’en rechercherons pas l’origine ; mais au moment où nous semblons avoir devant nous un répit qui nous permet de l’amortir et de la dompter, il ne nous servirait de rien de dissimuler qu’elle est dans les choses mêmes. Nous étions surtout frappés de cette pensée en lisant le discours de M. de Persigny au banquet du lord-maire. Nous applaudissons au goût déclaré de M. de Persigny pour la paix et à l’intelligente sympathie qu’il témoigne à l’Angleterre ; mais un esprit aussi adonné à l’observation de la politique, aussi indépendant d’ailleurs et aussi hardi dans ses vues peut-il croire que les bonnes intentions soient suffisantes pour accréditer dans l’opinion la foi dans la paix, et pour assurer aux nations les bienfaits réels qui accompagnent une telle foi ? Il fut un temps dont nous ne pourrions pas parler avec trop de modestie, si nous étions capables de nous incliner devant de malfaisans préjugés, et si nous ne nous souvenions que nous lui devons le développement des deux grands ressorts de la puissance française : la prospérité industrielle et financière d’une part, et de l’autre la formation et l’éducation active de notre armée ; nous voulons parler du temps de liberté régulière qui a précédé la révolution de 1848. M. de Persigny n’a-t-il pas remar-