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n’est pas indifférente, et tout commencement de vie est intéressant à étudier dans le sein d’un mammifère comme dans l’œuf d’un oiseau et dans les infusions organiques. Une autre raison oblige à entrer dans ces détails : toutes ces expériences sont négatives, puisqu’il faut prouver, non pas qu’il y a des infusoires, mais qu’il n’y a pas de germes là où ils apparaissent. Tous les animaux dont les physiologistes ont étudié avec soin la naissance et le développement se reproduisent d’une certaine façon ; il appartient naturellement à ceux qui prétendent que la règle n’est pas générale de démontrer en quelles circonstances les choses ne se passent point et ne peuvent se passer de la façon ordinaire. De plus, les hétérogénistes sont forcés de convenir que leurs prédécesseurs dans cette théorie se sont souvent trompés, ont mal vu et cru à des générations équivoques dans des cas où les observateurs modernes ont très bien distingué l’ovulation, la fécondation, le germe et l’éclosion. Aussi une analogie qui séduit les esprits les moins prévenus rend-elle leur tâche très difficile. Des expériences qui leur donnent tort ont été faites par des gens habiles ; ils sont eux-mêmes très divisés sur l’importance et la généralité du fait ; le phénomène qu’ils admettent et qu’ils veulent démontrer n’a pas toujours lieu dans des conditions qui semblent favorables, et ils ne peuvent expliquer des résultats divers que par cette vague réflexion : que le phénomène est encore mal connu et mal étudié. Enfin nous avons déjà dit que les circonstances où la génération ne s’accomplit pas spontanément sont aussi celles où des animalcules ne devraient pas apparaître dans l’hypothèse des germes, de sorte que deux conclusions inverses de la même expérience peuvent être légitimes.

Des observations d’un autre genre ont conduit quelques naturalistes au même but. Il faut, pour être juste, ne pas négliger des êtres singuliers dont l’existence et la naissance ont longtemps paru inconciliables avec la théorie ordinaire. Quoique des travaux récens aient sur quelques points modifié nos opinions, on ne peut nier qu’il y ait là un fait important et curieux. Nous voulons parler des entozoaires, de ces animaux qui sont du ressort de la médecine, qui vivent dans les organes d’autres êtres animés, et leur sont spéciaux comme ces végétaux dont nous parlions tout à l’heure. On a fait, pour expliquer leur présence dans des cavités closes de toutes parts, autant d’hypothèses que pour concilier avec une création unique la population du continent américain, entouré de tous côtés par ces mers immenses que les anciens étaient inhabiles à franchir.

Ce développement d’animaux variés, dans des milieux qui ne semblent pas faits pour eux, est, comme on sait, la cause de maladies nombreuses. Le mouton frappé du tournis et l’homme atteint