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SCIENCES

DE LA GÉNÉRATION SPONTANÉE
ET DES TRAVAUX DE M. POUCHET.

Hétérogénie, ou Traité de la génération spontanée basé sur de nouvelles expériences, par M. F.-A. Pouchet, correspondant de l’Institut, directeur du muséum de Rouen ; in-8o, Paris 1859.

Il est plus difficile qu’on ne croit de changer d’avis. Se fier à la seule expérience est la devise de la science moderne, et cependant nous ne savons pas toujours nous défendre contre des théories qui, une fois acceptées, nous commandent et font oublier ou négliger les faits. Depuis Galilée, l’observation et le calcul, cette expérience plus certaine que la première, puisqu’elle n’est pas asservie à nos sens, sont les seuls maîtres que nous reconnaissions, les seules sources de nos idées sur le monde matériel. Pourtant combien de fois des faits n’ont-ils pas été niés, des expériences dédaignées au nom d’un système, d’un préjugé, même d’une hypothèse ? Il y a bien des raisons à cela, et ce n’est pas notre sujet de les énumérer, de scruter les mille causes d’erreur qui se cachent au fond du cœur ou de l’esprit humain ; mais il en est une qui frappe les yeux dès l’abord comme une des grandes excuses des savans. Depuis un siècle, tout a été exploré, vérifié, expérimenté, et tous les phénomènes ont été bien ou mal vus, de sorte qu’il est rare qu’une question difficile se présente, dans laquelle soient d’un côté les faits, de l’autre les hypothèses : en général, on groupe des hypothèses et des faits des deux côtés. En toute question, il y a presque toujours et l’expérience qui nous donne raison et celle qui nous donne tort, celle que nous