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LA LOMBARDIE
DEPUIS LA GUERRE DE L’INDEPENDANCE

L’Italie marche rapidement à l’unité politique. La présence du pape à Rome, celle même des Autrichiens en Vénétie n’empêcheront pas que la péninsule ne forme, du nord au sud, un seul et grand royaume. Les Italiens seront-ils assez sages, sauront-ils assez courageusement sacrifier leurs intérêts provinciaux pour que ce royaume s’organise et se fonde d’une façon durable? Je le crois, mais je n’essaierai point ici de le démontrer; je n’aborderai du moins qu’un petit coin de la question : je ne parlerai que de la Lombardie.

Quand cette province, après une guerre régulière, eut été par des traités solennels réunie au Piémont, il ne manquait pas de gens qui pensaient que les armées et la diplomatie n’avaient rien fait là de durable. Plusieurs sans doute pensent encore ainsi. En traçant une esquisse rapide de la société lombarde, nous ferons, je pense, évanouir une partie de leurs craintes. De ces pages, si légères qu’elles semblent, il ressortira peut-être que les Lombards sont prêts à faire tous les sacrifices nécessaires à l’unification de l’Italie, et qu’ils acceptent sans arrière-pensée le gouvernement de Victor-Emmanuel.


I. — LA PROPRIÉTÉ.

On a quelquefois représenté la Lombardie comme un pays de grands propriétaires qui exploiteraient leurs paysans à la façon des boyards. D’autres fois on en a fait un pays de démagogues turbulens infesté de socialisme et dévoué à Mazzini. Nous remarquerons en passant que ces deux opinions n’ont rien de contradictoire, car là