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position intermédiaire entre la condition d’ouvrières et la qualité que leur assigne leur titre officiel. Elles se partagent entre la surveillance du comptoir et les menus travaux faits sous la direction de leur maîtresse. Ainsi dans la confiserie elles préparent les fruits et les sirops, pèsent le sucre, habillent les bonbons. Ce n’est pas tout que de faire des bonbons exquis; il faut savoir les orner pour la vente, les cacher sous de séduisantes enveloppes, les couvrir de paillettes et de faveurs, et c’est ce que font avec un art infini les doigts de fées des Parisiennes. La bimbeloterie a mille métiers analogues à celui-là; on les prendrait pour amusemens, mais ils sont mal rétribués et subissent des mortes saisons prolongées. L’extrême division du travail, nécessaire à la rapidité de la production, engendre quelquefois une monotonie désespérante; il y a des femmes dont toute la besogne consiste à coller du papier de couleur sur des myriades de petits meubles en miniature.

Le cartonnage et le pastillage ont de nombreuses spécialités, depuis le cornet de dragées jusqu’au carton de chapeau et au carton de cabinet. La papeterie et la librairie occupent aussi un personnel féminin très considérable, plieuses, assembleuses, brocheuses, couseuses. Les salaires varient, comme partout, de 1 fr. à 2 fr. 50, et ne tombent guère en moyenne au-dessous de 2 fr. Le métier de trieuse dans une papeterie consiste à voir si le papier a des défauts, à enlever les boutons avec des grattoirs, à le compter par mains en assortissant les nuances. On emploie les femmes au travail de la casse dans les imprimeries. Elles composent très bien; il ne faut pour cela que de l’exactitude et de l’adresse. C’est toutefois un métier assez dur, parce qu’il oblige à se tenir debout et qu’il fatigue la vue.

Ces dernières professions s’exercent dans de grands ateliers. Il en est de même des tailleuses de cristaux, dont la santé est souvent altérée par l’obligation de se tenir penchées sur la roue et d’avoir les mains dans l’eau toute la journée. Dans les manufactures de tabacs, les femmes enlèvent les côtes des feuilles, roulent les cigares et préparent les cigarettes.

On trouve des femmes jusque dans les ateliers de marbriers. Il y en a chez les doreurs sur bois, les monteurs en bronze, les vernisseurs sur bronze, les potiers d’étain, les estampeurs, les fabricans de tôles vernies, les joailliers, les bijoutiers, les batteurs d’or, etc. La plupart des femmes employées dans ces diverses professions sont