Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 30.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’alios, se trouvaient des fougères, des ajoncs, des asphodèles, des bruyères, qui représentaient la végétation primitive. Puis venait un pin de quinze ans, provenant de semis exécutés après un assainissement préalable, pour lequel 165 kilomètres de fossés avaient été ouverts sur 1,800 hectares. Ce semis, qui avait déjà été éclairci trois fois, avait en dernier lieu donné un bénéfice de 10 fr. par hectare. Plus loin, on voyait deux plus gemmés, l’un à mort, l’autre à vie, avec tous les instrumens dont on se sert pour l’extraction de la résine et la collection de tous les produits bruts ou fabriqués auxquels celle-ci donne naissance. Un résinier des Landes dans son costume national, avec son béret, sa chemise bleue et sa ceinture rouge, expliquait aux curieux tous les détails de l’opération du gemmage. Dans cette exposition figuraient encore des billes de chêne pédoncule, de chêne occidental, de robinier, de peuplier, indiquant toutes une végétation des plus actives. Le domaine d’Ares n’est pas seulement consacré aux productions forestières, et les échantillons de froment, de seigle, de vins, qui accompagnaient celles-ci, semblaient promettre que les Landes, si déshéritées jusqu’ici, sont destinées à devenir une des contrées les plus fertiles de la France. Le jury a rendu justice aux courageux efforts de M. Javal en lui accordant une grande médaille d’or.

Parmi les produits des forêts autres que le bois dont nous serons un jour sans doute appelés à bénéficier, il faut placer la soie. Voici comment : on sait que, depuis quelques années, un savant entomologiste, M. Guérin-Menneville, s’occupe avec ardeur de l’acclimatation en France du bombyx cynthia, ou ver à soie du vernis du Japon. Sa persévérance vient d’être couronnée de succès, et les essais d’éducation en plein air, tentés cette année au bois de Boulogne, ont parfaitement réussi[1]. Aussi cet insecte, originaire de la Chine, qui a pu résister aux intempéries auxquelles il a été exposé, peut-il dès aujourd’hui être considéré comme à peu près acclimaté. D’un autre côté, l’ailanthe, plus connu sous le nom de vernis du Japon, dont la feuille lui sert de nourriture, est un arbre très robuste et très répandu. Il pousse à peu près dans tous les terrains et végète dans les plus mauvaises conditions, comme on peut s’en convaincre en examinant ceux qui, plantés sur le boulevard des Italiens, ne paraissent pas plus souffrir des émanations souterraines du gaz que de la poussière du macadam. C’est donc une essence qu’il serait très facile de propager, qui conviendrait parfaitement au reboisement de certaines montagnes du centre et du midi de la France, et

  1. Un essai de même nature est en ce moment pratiqué sur une bien plus grande échelle encore dans le domaine impérial de La Motte-Beuvrou, en Sologne.