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Chaque régiment compte cinq bataillons actifs et un de réserve, chaque bataillon est composé officiellement de 1,047 hommes ; mais ce chiffre énoncé sur le papier descend, pour des causes dont je rendrai raison plus loin, à une proportion moyenne de 600 combattans sous les armes, auxquels il faut adjoindre 200 hommes environ attachés à chaque bataillon pour le train des équipages[1], ou comme ouvriers ou bien servans d’officiers. Les bataillons de ligne et ceux de tirailleurs sont un peu plus forts que les bataillons d’infanterie compris dans les cadres des divisions, et sont maintenus aussi complets que possible. Les régimens de cavalerie réunissent dix escadrons et un onzième de réserve, chaque escadron ayant 190 hommes[2].

On a modifié le costume de l’infanterie depuis l’avènement du tsar Alexandre II, de manière à l’approprier autant que possible à la guerre de montagnes. L’habillement consiste dans la tunique russe ; la buffleterie lourde a disparu pour faire place au ceinturon, auquel sont suspendus le fourreau de la baïonnette chez les simples soldats, et le couteau de sapeur chez les sous-officiers, ainsi que chez tous les hommes des régimens d’élite ; à la grande giberne rigide a été substituée une cartouchière attachée à une courroie de cuir noir. La coiffure qui a été adoptée partout au Caucase est le papak ou bonnet

  1. Dans l’armée du Caucase, il n’y a pas de corps particulier pour le train des équipages. On y supplée par les chevaux de trait que fournit le gouvernement cinquante-quatre par bataillon pour le transport des bagages et des munitions en campagne et par les chevaux supplémentaires six par compagnie achetés par les soldats au moyen d’un prélèvement fait sur la caisse de l’artel, association qui met en réserve un fonds destiné aux dépenses communes. Il y a en outre des compagnies spéciales pour ces charrois à dos de cheval konnié transporty ou de bœuf volovié transporty.
  2. D’après un ancien usage, encore en vigueur en Angleterre et on Autriche comme en Russie, et que la révolution de 1789 a aboli chez nous, les régimens sont désignés par le nom de la localité où est établi leur quartier-général. Cette appellation est un adjectif ethnique, Krymskii de Crimée, Kabardinskii de la Kabarda, par exemple, que l’on emploie dans le langage ordinaire en sous-entendant le mot polk, régiment.