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institutions parlementaires. Jamais session des cortès ne s’était ouverte sous de plus favorables auspices que celle que la reine Isabelle vient d’inaugurer. Ceux même qui ont jugé le plus sévèrement autrefois le général O’Donnell ne peuvent plus refuser leur estime à l’homme dont la fermeté a fait sortir enfin le gouvernement espagnol de cette atmosphère d’intrigues ou il s’était si longtemps corrompu, qui a consolé l’honneur espagnol par l’heureuse guerre du Maroc, et dont l’administration est en train de relever les finances et de féconder par les travaux publics les ressources du pays. La reine d’Espagne, elle aussi, n’a pas été gâtée par les éloges de la presse : la justice commande de lui attribuer en grande partie cette nouvelle et satisfaisante tenue des affaires espagnoles. Elle semble, dans ces derniers temps, avoir pris à cœur de remplir les devoirs de la royauté et de répondre par sa conduite à la dignité de sa position : elle recueille déjà les fruits de cette honnête résolution.

Comme il était aisé de le pressentir, le bill qui abolissait les droits sur le papier, ce couronnement du budget de M. Gladstone, a été rejeté par la chambre des lords. La forte opposition que ce bill avait, au dernier moment, rencontrée dans la chambre des communes, faisait présager cette issue. Il ne faut pas s’y tromper : c’est le budget, d’abord si populaire, de M. Gladstone que les lords ont entendu condamner, et que condamne in petto une majorité réelle de la chambre des communes. Au premier moment, M. Gladstone avait subjugué tous les esprits par son tour de force oratoire ; mais son budget était trop parfait, il réunissait les trois vertus théologales : c’était un acte de foi, d’espérance et de charité. M. Gladstone, en le construisant, avait cru à l’apaisement de l’Europe ; il avait espéré que la nécessité des armemens ne tarderait pas à disparaître, et il n’avait pas craint de s’exposer au déficit en faisant de trop larges remises de taxes. Ces fâcheuses inquiétudes, que nous retrouvons partout, ont empêché les tories et une portion notable de l’aristocratie de le suivre jusqu’au bout ; mais lui du moins, dans son échec, a une consolation ; il peut dire en toute sûreté de conscience : c’est la faute des partis.

Il y a en Hollande une grosse question qui, heureusement pour ce tranquille pays, n’a aucun rapport avec les préoccupations actuelles de l’Europe : c’est la question des chemins de fer. Comment seront construits ces chemins de fer ? Quelle direction suivront-ils ? Voilà ce qui divise et passionné singulièrement le peuple hollandais. Un cabinet a déjà péri il y a quelque temps pour n’avoir pu faire adopter ses solutions. Le ministère présidé par M. van Hall a profité des récentes vacances parlementaires pour élaborer un nouveau plan, qui part toujours du principe de la construction par l’état, au moins en ce qui touche les grandes lignes. Ce plan admis, il y aurait sept ou huit grandes lignes aboutissant aux grands ports de mer, offrant plus de concentration que les précédens projets et reliant la Hollande à Hanovre par Aschendorf, à la Prusse par Rheine et Vierssen, à la