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règne de ce prince que datent en Allemagne les premiers aménagemens ; ils ont été exécutés vers 1740 à l’occasion d’un inventaire général de la fortune publique. Depuis cette époque, ces opérations se sont poursuivies avec une telle persévérance que toutes les forêts, — nous parlons des forêts domaniales, — sont aujourd’hui aménagées, et qu’il existe dans chaque état un personnel spécial chargé de vérifier si ces aménagemens sont rigoureusement exécutés.

En France, nous sommes loin d’être aussi avancés que nos voisins. Colbert, il est vrai, avant l’ordonnance de 1669, avait fait opérer la réformation de toutes les forêts du royaume. Il avait envoyé dans les provinces des commissaires généraux qui avaient fixé la durée des révolutions et prescrit des règlemens d’exploitation pour chacune d’elles. Ces règlemens, sanctionnés par des arrêts du conseil du roi, sont aujourd’hui insuffisans, puisqu’ils ne sauraient s’appliquer à des forêts exploitées par la méthode actuelle. Dans la discussion du code forestier en 1827, M. de Bouthillier, alors directeur-général, annonça qu’il faudrait procéder à la révision de tous ces aménagemens, et l’ordonnance réglementaire alla jusqu’à prescrire que ces travaux fussent faits dans l’année. Il s’en faut de beaucoup que cette prescription ait reçu son exécution. On trouve en effet dans le rapport adressé par M. de Forcade, directeur-général des forêts, au ministre des finances, le 20 février 1860, que, de 1827 à 1859, 361,654 hectares seulement de forêts domaniales ont été aménagés, dont 154,375 hectares en futaie pleine et 207,279 hectares en taillis sous futaie. Plus de 700,000 hectares sont donc encore aujourd’hui exploités soit suivant certains usages locaux, soit en vertu d’anciens règlemens non abrogés. Quant aux communes, les forêts aménagées sont l’exception. Depuis quelques années cependant, on commence à sentir tout ce que cette situation a d’anomal, et l’on a donné à ces opérations une impulsion nouvelle. L’aménagement de 60,000 hectares est aujourd’hui en cours d’exécution, et selon toute probabilité nous n’aurons bientôt plus rien à envier sous ce rapport à l’Allemagne.

À n’envisager que le produit en argent, nous avons déjà l’avantage, car, sauf en Saxe, le produit net par hectare est partout inférieur à ce qu’il est en France. Si en effet l’on ne tient pas compte du capital bois engagé dans la superficie, et si l’on calcule le revenu net en déduisant seulement du revenu brut les frais d’entretien et d’administration, on trouve que ce revenu par hectare est chez nous d’environ 25 fr., tandis qu’il s’élève en Saxe à 26 fr. 30 c ; les frais d’administration y sont de 40 pour 100 du produit brut, tandis qu’en France ils n’atteignent pas à 20 pour 100. En Wurtemberg, le produit net est d’environ 13 fr., et en Prusse il ne dépasse pas 6 fr. ; les