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LE
PROTESTANTISME MODERNE
ET
LA PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE


I. Christianity and Mankind (le Christianisme et l’Humanité, par C.-J. Bunsen, 7 vol. Londres 1854. — II. Histoire des trois premiers siècles de l’Eglise chrétienne, par M. E. de Pressensé; t. I et II, Paris 1858.



Une remarquable transformation est en voie de s’opérer au sein du protestantisme : de plus en plus il sort des formules étroites où il s’était d’abord retranché pour mieux attaquer et se défendre. Nous sommes loin des jours où, par crainte de voir retomber les esprits dans les anciennes croyances, il se laissait aller à nier précisément tout ce qu’elles affirmaient et à pousser jusqu’au fatalisme son dogme de la grâce pour contredire plus fortement les œuvres méritoires des catholiques. Plus sûr de lui-même maintenant, il a scruté plus librement sa propre conscience, il s’est mieux pénétré de son propre caractère, et sans rien perdre de ses élémens religieux, il tend à faire entrer dans sa doctrine tout ce qu’il y a de plus élevé dans les conquêtes de la pensée.

En grande partie, c’est encore l’Allemagne qui a pris l’initiative de ce mouvement, la même Allemagne qui depuis plusieurs siècles joue un rôle si frappant dans l’histoire du monde civilisé. Les révolutions, les remaniemens des sociétés, les applications de tout genre ont été l’œuvre des autres nations; mais toutes les fois qu’un nouveau principe de vie est venu métamorphoser l’âme des hommes.