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qu’ils sont sortis d’autres êtres, animés ou inanimés. Au cas où ces derniers étaient animés, ils ne pouvaient appartenir à la terre, ils sortaient donc de germes apportés d’autres corps célestes.

Telle est la solution que propose l’auteur d’un livre qui nous a déjà occupé, M. Snider. « Toutes les fois que la matière vitale est arrivée sur notre terre en forme de molécules, et qu’elle y a trouvé, indépendamment de la chaleur, des principes homogènes à sa nature, elle s’est développée en prenant un accroissement plus ou moins rapide. Ainsi un atome provenant d’une molécule émanée d’un autre astre, et ayant le principe du blé, a formé un épi de blé ; un autre atome ayant le principe vital d’un insecte a donné naissance à un insecte semblable à lui. » C’est là une hypothèse ingénieuse peut-être, mais qu’assurément rien ne justifie. M. Snider tourne la difficulté en laissant aux physiciens qui habitent le soleil ou les planètes, les étoiles Sirius ou Orion, le soin d’expliquer comment la vie a commencé ; il leur renvoie la balle à une distance où certes nul n’ira la ramasser. Quant à la terre, elle a reçu, affirme-t-il, la vie d’ailleurs. Il n’y a donc plus lieu de rechercher par quel concours de forces plastiques le germe organique s’y est formé. Toutefois, suivant lui, notre planète a aussi sa puissance créatrice ; les êtres animés qui s’y développent sont à leur tour pour les autres corps célestes des sources de créations animales. Les particules qui s’exhalent des êtres vivans, et de l’homme en particulier, par la voie de la transpiration ou de l’expiration, se répandent dans l’espace, et deviennent les germes d’êtres semblables à ceux d’où ils s’échappent toutes les fois que les conditions biologiques, s’y prêtent.

Une semblable théorie aurait besoin d’une démonstration un peu plus rigoureuse que celle dont l’auteur se contente. Revenant indirectement à la prétendue génération spontanée des insectes parasites et infusoires, il fait un vain appel à la physique et à la chimie pour justifier ses hypothèses. Sa théorie des élémens, qu’il conçoit à la manière des anciens, bien qu’il les fasse naître des atomes représentés comme le point de départ de toutes choses, ne saurait résister aux objections des physiciens sérieux[1]. Une seule idée de son livre, qui n’a rien, à tout prendre, de radicalement impossible, mais que l’auteur n’a pas su présenter sous une forme suffisamment scientifique, mérite d’être méditée : c’est le transport de germes animés d’une planète à une autre au moment de là formation des nébuleuses. Il y a dans cette hypothèse bien des difficultés, et celui qui la met en avant ne s’est pas embarrassé même des plus grosses. Si à la rigueur on pouvait lui accorder que des germes d’infusoires aient été transportés dans l’espace avec la matière planétaire, comment supposer

  1. M. Snider, tout en revenant sur bien des points à la physique ancienne, se rencontre cependant avec la science moderne sur diverses idées fondamentales.