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plus tard, à l’époque dite tertiaire. Ainsi les terres ne semblent point avoir été arrosées alors par les cours d’eau qui les fertilisent aujourd’hui. Elles se trouvaient dans les mêmes conditions que certaines îles de la Mer du Sud, dont l’état rappelle encore, à beaucoup d’autres égards, cet âge primitif, par l’absence de reptiles, d’oiseaux et de mammifères. L’épaisseur de l’atmosphère permettait-elle à la lumière d’éclairer cette mer des premiers âges ? Plusieurs considérations nous le démontrent. D’abord les végétaux de l’ordre de ceux qu’on rencontre à l’étage silurien inférieur ne sauraient guère exister sans lumière ; ensuite les trilobites portent des yeux à facettes, et ces yeux, on les observe aujourd’hui chez les crustacés et les insectes ailés, animaux éminemment sensibles aux rayons lumineux et presque tous diurnes.

Un second étage, le silurien supérieur, nous présente des conditions à peu près analogues. C’est avec la période devonienne que commence véritablement un nouvel ordre de choses. Les terres semblent s’être agrandies, et bien que les végétaux qui apparurent alors soient encore peu connus, on en sait assez pour constater que des plantes croissaient déjà à la surface des continens émergés. Telles sont les belles fougères découvertes dans le vieux grès rouge d’Irlande et les plantes si curieuses que M. Richter, un paléontologiste allemand, a recueillies dans les schistes à cypridines des environs de Saalfeld. Les zoophytes, les échinodermes, les mollusques demeurent encore abondans ; ils comptent un grand nombre de représentans nouveaux. Divers genres de trilobites continuent à tenir la place des crustacés. Les poissons comptent à cette période d’assez nombreux représentans. C’est la classe de ceux que l’on appelle ganoïdes, animaux aux formes anguleuses, au squelette osseux, et dont les écailles ont la même structure que celle des dents. La famille des placoïdes, déjà représentée à l’époque antérieure par les cestracionides, peuple aussi les mers de ce second âge. Enfin les premiers reptiles apparaissent, représentés, à ce qu’il semble, par le genre sauropteris. Les annélides tubicoles font dans les mers devoniennes leur première apparition ; mais les continens ne nourrissaient encore aucun animal terrestre, à moins peut-être que des insectes ne voltigeassent déjà dans les plaines couvertes de fougères. Ces animaux se montrent en grand nombre à la période suivante, dite carbonifère ; les ordres des coléoptères, des orthoptères, des névroptères y sont représentés, ainsi que les arachnides, si voisins des insectes. On a découvert dans le terrain carbonifère de Bohême un scorpion fossile remarquablement bien conservé (cyclophthalmus Bucklandi).

La faune et la flore se sont aussi singulièrement enrichies pendant ce quatrième âge. Les poissons se rencontrent en grand nombre, ainsi que les mollusques, les échinodermes et les zoophytes. Les