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morale de l’Autriche et du Piémont était assurément une complication de plus. De ces divers ordres de faits naissait invinciblement la question italienne telle qu’elle se dévoilait à la fin de 1858 ; elle était partout. Qui l’avait créée ? La force des choses peut-être. Dans tous les cas, la question italienne devait inévitablement trouver l’Autriche dans un camp et la France dans l’autre le jour où elle deviendrait un sujet de discussion réglée, et ici nous touchons à cette phase diplomatique qui n’a été qu’une grande tentative pour amener une transaction entre la situation légale de la puissance impériale au-delà des Alpes et les intérêts italiens, qui a commencé par la mission de lord Cowley pour aboutir à un congrès mort-né et à une marche en avant de l’Autriche.

Le premier acte de cette phase nouvelle, qui commençait à peu près avec l’année pour les affaires italiennes, c’est la mission de lord Cowley à Vienne, on ne l’ignore pas. L’Angleterre devait s’inquiéter la première en voyant surgir ce différend entre l’Autriche et la France pour une cause qui a plus d’une fois excité les sympathies de la nation anglaise, mais qu’elle ne voulait soutenir que dans la limite des traités. La difficulté était de saisir cette terrible question, de préciser le débat et d’engager une négociation au milieu des armemens, qui prenaient déjà des proportions menaçantes, même avant l’intervention de la diplomatie. C’est à ces nécessités diverses que répondait la mission de lord Cowley à Vienne. On a souvent cherché à connaître le résultat réel de la mission de l’ambassadeur britannique, et, sans révéler ce résultat, le chef du cabinet de Londres, lord Derby, a même regretté amèrement que la négociation eût été détournée de la voie où l’avait placée lord Cowley. La vérité est, si nous ne nous trompons, que lord Cowley avait rapporté de Vienne l’expression d’intentions conciliantes et d’une bonne volonté de paix plutôt que des élémens sérieux de délibération. Il avait créé là possibilité d’un échange de vues sur les affaires d’Italie sous la médiation impartiale et amicale de l’Angleterre. C’était beaucoup, et ce n’était peut-être plus assez dans la circonstance. D’abord cette médiation de l’Angleterre, qui n’avait rien d’officiel, était dépourvue de sanction et d’efficacité, ainsi que l’a dit lord Palmerston. En outre, cette négociation, qui n’était qu’une conversation entre la France et l’Autriche avec l’Angleterre pour témoin, pouvait et devait probablement ne conduire à rien, comme cela était arrivé déjà en 1857 à l’occasion d’un échange de propositions relatives aux affaires de Rome, et dans ce cas la France acceptait d’avance la responsabilité d’une déception. C’est sur ces entrefaites, en présence d’une question chaque jour grandissante que la Russie proposait la réunion d’un congrès européen, et cette proposition était