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cru : c’est une fabrique de porcelaine et le fameux procès qui ont fait tout le mal.

Le chevalier Turgot, marquis de Consmont, n’était pas le célèbre ministre de ce nom, mais son frère ; c’était le second fils du prévôt des marchands, l’aîné était président au parlement de Paris ; le futur ministre, alors intendant de la généralité de Limoges, n’était que le troisième. Le chevalier Turgot, ainsi nommé parce qu’il était chevalier de Malte, avait passé à Malte une partie de sa vie. Devenu brigadier-général des armées du roi, il avait été gouverneur de la Guyane. Rappelé et disgracié pour avoir voulu mettre un terme aux envois de prétendus colons qui venaient y mourir par milliers, victimes de la dilapidation non moins que du climat, il avait passé quelque temps à la Bastille. Depuis sa sortie de la Bastille, il avait partagé son activité entre le séjour de ses terres, où il dépensait en améliorations utiles la plus grande partie de ses revenus, et Paris, où il vivait dans l’intimité des hommes les plus savans et les plus honorables. Très savant lui-même en histoire naturelle, il était membre libre de l’Académie des Sciences.

Paris Du Verney n’était autre que le célèbre financier de ce nom, le troisième des quatre frères Paris si connus de leur temps, celui qui avait lutté seul, avec Montesquieu et le duc de Noailles, contre le système de Law, et qui, après avoir mérité l’exil pour ce fait, avait reçu du régent la mission de liquider les dettes du système. Il s’acquitta, selon Voltaire, avec un talent prodigieux de cette opération de finance et de justice, la plus grande et la plus difficile qui eût jamais été faite. Possesseur d’une fortune énorme, Paris Du Verney portait un vif intérêt à l’agriculture comme à tout ce qui pouvait accroître la richesse publique ; mais son âge ne lui ayant pas permis d’accepter le titre de membre de la société, il fut remplacé à la pluralité des voix par M. Pottier, intendant du commerce.

Le comte d’Hérouville, le bailli de Fleury, le fermier-général Boisemont, le conseiller au parlement Rolland de Challerange, le baron d’Ogilvy, nous sont moins connus ; mais parmi les membres nommés après eux sur la liste formée par le roi, il en est trois qui se présentent avec des titres spéciaux. Le premier, Pierre Pépin, né à Montreuil, près Paris, d’une famille de jardiniers, a porté à sa perfection l’art de diriger les espaliers qui donnent les fameuses pêches de Montreuil ; les habitans qu’il avait enrichis par ses exemples l’avaient nommé en 1790 maire de la commune à l’unanimité ; il est mort en 1812 à quatre-vingts ans. Le second, Le Roy, lieutenant des chasses du parc de Versailles, a fourni plusieurs travaux à l’Encyclopédie ; il est surtout connu par des Lettrés philosophiques sur l’intelligence des animaux, ouvrage original, qui a eu