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un prix fort élevé; mais ils s’étaient assuré de cette manière la possession de tous les moyens de travail. Le succès a été si complet que les deux fabriques à vapeur créées les premières ont rapporté de 15 à 20 pour 100 par année, après que le capital primitif de toutes les actions avait été remboursé, et lorsqu’il n’existait plus qu’un nombre assez restreint d’obligations émises par les sociétés exploitantes.

Une autre différence non moins notable à signaler, c’est que dans les vastes ateliers d’Amsterdam pourvus de métiers en acier poli, et dont l’installation est de tous points vraiment splendide, on ne traite qu’un seul genre de pierres, le diamant. Dans la demeure du lapidaire de Septmoncel, sur son établi en bois grossièrement construit, le travail est infiniment plus varié : il s’attaque aux pierres précieuses de toute espèce, le diamant excepté. Les pierres fines, c’est-à-dire, suivant l’acception usuelle de ce mot, les pierres naturelles, y reçoivent toutes les formes demandées par la joaillerie. Les pierres artificielles, dont la fabrication est aujourd’hui si perfectionnée qu’elles peuvent parfois tromper au premier abord des yeux fort exercés, y sont également traitées[1]. Quoique les procédés suivis soient au fond les mêmes pour toutes les pierres, il y a cependant, pour telle ou telle espèce, des précautions spéciales à prendre qui compliquent la besogne. Cette variété d’applications est d’un immense intérêt pour le visiteur, en ce qu’elle lui permet de faire rapidement connaissance avec les nombreux élémens mis en œuvre par la joaillerie. Après avoir visité les ateliers de Septmoncel, on peut se rendre compte des caractères, au moins les plus apparens, qui distinguent chaque espèce. Sans doute on n’apprend pas, dans une rapide étude, à reconnaître la valeur de telle ou telle pierre. La valeur varie à l’infini, et souvent d’après des circonstances insaisissables pour un œil inexpérimenté, qui tiennent non-seulement au poids, mais à tel reflet, à telle nuance, à telle forme[2]. Ce qu’on peut espérer seulement, c’est de se faire une idée des principales divisions existant dans cette branche si curieuse de la minéralogie, c’est de saisir les données générales qui suffisent à un amateur éclairé. Il faut, bien entendu, laisser de côté les différences purement

  1. Il est employé des masses considérables de pierres factices pour bijoux dorés. On taille à Septmoncel les vitrifications de tout genre, même celles qui imitent le diamant. La fabrication des pierres fausses a donné un essor immense à l’industrie du lapidaire.
  2. Il n’est pas toujours facile, même pour les hommes du métier, de distinguer au premier abord, et sans recourir à des moyens de vérification indiqués par la science, les pierres fines des pierres artificielles. Disons que les différences principales tiennent au poids, à la dureté et à la couleur. Dans la fabrication des pierres fausses, la difficulté consiste à réunir en une mesure parfaitement identique ces propriétés des véritables pierres. Parfois on simule exactement la nuance, mais on ne peut obtenir ni la dureté ni le poids, dans d’autres cas, c’est la nuance qui reste inimitable.