Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ce mouvement littéraire, historique, philosophique, dont la Renie a souvent fait apprécier la portée. Les noms de Longfellow, de Prescott, d’Emerson, de Channing, de Parker, de Bancroft, de Bryant, de Motley, ont depuis longtemps dépassé les bornes du Nouveau-Monde pour arriver jusqu’à nous : ce sont les gloires de l’Athènes moderne, comme les Américains se plaisent à appeler la capitale du Massachusetts. Si de pareils noms peuvent justifier une si enthousiaste fierté, l’organisation des écoles publiques de Boston ne lui fournit pas une excuse moins légitime.

Les écoles entretenues aux frais de la ville y sont de trois sortes : écoles primaires, écoles de grammaire (grammar schools), hautes écoles (high schools).

Les écoles primaires ont été fondées dans l’année 1818; elles ont pour objet l’éducation des enfans qui ne peuvent recevoir dans leur propre famille les premiers rudimens de l’instruction élémentaire : on n’y admet que les enfans qui ont moins de sept ans, et ils n’y apprennent qu’à épeler et à lire. Dans le dernier rapport annuel sur la situation des écoles de Boston, on voit qu’en 1857 il y avait 211 écoles primaires dans cette ville. Chaque école recevait en moyenne 60 élèves : le nombre total des enfans s’y élevait à 12,733, dont 6,731 garçons et 6,002 filles.

Les écoles de grammaire sont moins nombreuses, mais reçoivent chacune beaucoup plus d’élèves : dans l’année 1857, à laquelle se rapportent tous les renseignemens réunis dans cette étude, elles en comptaient 11,126. Dans chacune de ces écoles, on distingue quatre classes : dans la première, on étudie la lecture, l’arithmétique, le dessin ; dans la seconde, on y ajoute la géographie ; dans la troisième, la composition littéraire et la déclamation ; la quatrième année est consacrée à la grammaire analytique, à la tenue des livres, à l’histoire, à la morale, à quelques expériences scientifiques. Ce n’est que depuis 1830 que les écoles de grammaire ont reçu cette organisation perfectionnée : deux de ces écoles sont déjà fort anciennes, puisqu’elles datent de l’année 1680. Fondées alors pour fournir les rudimens des connaissances à ceux qui ne pouvaient recevoir une éducation tout à fait libérale, elles remplissent aujourd’hui parfaitement cette destination. Il faut évidemment quelque chose de plus que l’arithmétique et l’écriture à ceux qui veulent prendre place dans les rangs même les plus secondaires des carrières commerciales ou mécaniques : les écoles de grammaire le leur fournissent. L’organisation en fut d’abord très-imparfaite : les maîtres étaient obligés de consacrer une partie de leurs soins à des enfans tout à fait ignorans, et il ne leur restait qu’un temps insuffisant pour instruire ceux qui étaient déjà plus avancés. Depuis 1830, chaque école est placée sous la direction d’un maître