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La lune est complètement dépourvue d’atmosphère, précisément parce que la température est trop basse pour vaporiser les substances qui forment sa surface. Elle nous offre encore la configuration qu’elle avait au moment où elle s’est solidifiée. Le télescope aperçoit sur notre satellite de gigantesques cratères. Ces cratères rappellent par leur forme ceux que les géologues nomment cratères de soulèvement, et tout annonce qu’ils ne sont le siège d’aucune éruption; mais ils attestent l’état de fusion primitive dont la lune est depuis longtemps sortie.

Le système solaire s’est donc formé, selon toute vraisemblance, d’une immense atmosphère nébuleuse soumise à un mouvement de rotation, assujettie aux lois de la pesanteur, et qui s’est subdivisée en un certain nombre de masses au sein desquelles s’opérèrent des phénomènes analogues à ceux qu’avait produits la masse totale. La terre fut une de ces masses créées par voie de séparation; elle offrit d’abord l’aspect d’une vaste nébuleuse, et c’est à une condensation graduelle, déterminée par un refroidissement progressif, qu’elle doit l’état où nous la voyons aujourd’hui. Ce sont là les faits généraux, les seuls que nous puissions encore atteindre. Entrer dans plus de détails, vouloir assigner le rôle de l’électricité et du magnétisme, décrire les agitations de diverse nature qui se produisaient au sein de la nébuleuse primitive, montrer comment elle s’entretenait et quels ressorts la faisaient réagir sur le reste de l’univers, ce serait tomber dans les chimères, comme l’a fait M. A. Snider dans son livre intitulé la Création et ses Mystères dévoilés. M. Snider, quoique beaucoup moins savant que MM. Burmeister et de Filippi, ou peut-être parce qu’il est moins savant qu’eux, croit pouvoir écrire jour par jour les annales de l’univers aux premiers âges de la création. Sa physique, mélange de notions positives et d’idées des plus arriérées, comme par exemple celle des quatre élémens, lui suffit pour tout expliquer. Ce qui est remarquable, c’est que M. Snider, si hardi dans ses spéculations, s’en tient pourtant encore aux sept jours de la Genèse. Il divise l’histoire du monde en sept époques ou règnes qui correspondent à l’air et au feu, à l’eau, à la terre, aux plantes, aux animaux, à l’homme. Il est regrettable que l’auteur de ce livre ait dépensé une instruction si variée et un véritable amour de la science en hypothèses purement gratuites, quand elles ne sont pas téméraires. Au temps où de Maillet proposait son système sur l’origine aqueuse de tous les êtres, développé dans Telliamed, il était à la rigueur permis de hasarder de pareilles suppositions; mais depuis soixante ans la géologie a cessé d’être une science d’imagination. Et si l’on a vu plus tard un naturaliste, Patrin, soutenir que la terre est un corps animé qui respire par les