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sées d’Alger ou du Louvre. Des instructions récentes ont enfin prescrit de laisser à chacune des villes ou bourgades d’Algérie les monumens relatifs à son histoire particulière. Que cette pensée soit appliquée avec une persévérante fermeté, et dans peu d’années l’Afrique du nord deviendra le rendez-vous des antiquaires d’Europe. Si nous citons un embryon d’observatoire, trop tardif hommage à un climat incomparable pour les études astronomiques, et en outre un cours public de mécanique fondé pour les ouvriers par la ville d’Alger, nous aurons indiqué les principales institutions qui répandent la science au sein de l’Afrique française.

De l’instruction publique aux cultes le lien est intime, sinon toujours fraternel, en Algérie comme partout. Le catholicisme et le protestantisme sont largement et régulièrement organisés dans notre colonie de l’Afrique du nord. Sous le rapport religieux, l’Algérie présente même un spectacle digne d’admiration et d’étude : les quatre grands cultes du genre humain dans l’Occident, catholicisme, protestantisme, judaïsme, islamisme, vivent paisiblement côte à côte, non d’une vie restreinte par une jalousie réciproquement hostile, mais dans la pleine liberté de leurs manifestations. Par ses œuvres de charité, la religion touche à l’assistance publique. Pour l’enfance, elle a fondé une crèche à Alger, de nombreuses salles d’asile, souvent annexées aux écoles primaires, enfin les orphelinats, institutions dont l’Algérie a été le berceau. Pour ces derniers, le bon vouloir des religieux ne supplée pas toujours malheureusement au manque d’intelligence, et d’autres difficultés se présentent. Les soins corporels qu’exigent des centaines de jeunes enfans ne peuvent être donnés, surtout en état de maladie, que par une tendresse maternelle; or la règle épiscopale exclut des orphelinats de jeunes garçons toute femme, même les religieuses. C’est sans nul doute à la présence des femmes que doivent être attribués les résultats meilleurs qu’offrent les divers orphelinats de filles, et même l’orphelinat protestant de Deli-Ibrahim.

Au début, on ne visa pas à moins qu’à faire de ces instituts la base fondamentale de la colonisation algérienne, en annonçant que des concessions seraient données aux enfans à la sortie de l’orphelinat, qu’ils seraient installés et mariés par les soins des instituteurs, et qu’ainsi une génération nouvelle, purifiée de tous les vices qui déshonorent les colons, prendrait possession du sol et y ferait fleurir toutes les vertus avec le travail : vaine utopie dont l’expérience a fait justice, malgré le mariage bruyamment célébré à Alger d’un jeune colon de l’orphelinat de Ben-Aknoun avec une fille dotée de 500 francs par le chef de l’état. Au terme de leur noviciat agricole, qui finit à dix-huit ans (et beaucoup s’échappent avant cet âge), des adolescens n’ont pas le capital nécessaire pour monter une