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plus respecté, devient aussi de plus en plus cher à ses habitans. C’est à ce caractère surtout que le Brésil doit la suprématie dont il jouit dans l’Amérique méridionale, comme le représentant le plus prospère de la race latine. S’il n’a pas jusqu’ici atteint le développement des États-Unis de l’Amérique du Nord, il a laissé loin derrière lui toutes les colonies espagnoles, qui, avant leur indépendance, étaient cependant plus riches, plus peuplées, plus instruites et plus industrieuses que le Brésil. Mexico, Lima, Buenos-Ayres, Bogota, Caracas, étaient des villes plus importantes que Bahia, Pernambuco et Rio-Janeiro. Depuis l’indépendance, celles-ci ont marché en avant, tandis que les villes espagnoles sont restées stationnaires, si elles n’ont pas reculé.

III. — INSTITUTIONS POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES.

Le Brésil a une étendue d’environ 37 degrés de latitude depuis la rivière Oyapock, au nord de la ligne équinoxiale, jusqu’à Castillos, au sud. Il possède plus de mille lieues de côtes sur l’Océan-Atlantique, avec d’excellens ports, des baies magnifiques et des fleuves majestueux. La largeur du territoire brésilien est inégale, et varie entre 5 et 20 degrés de longitude : sa superficie totale est de 7,992,000 kilomètres carrés. C’est tout ce que les Portugais ont découvert et possédé. Le Brésil n’a rien perdu ni gagné en étendue territoriale depuis son indépendance. Dans cette immense contrée se rencontrent des climats de toute nature, chauds, tempérés et froids. Tout ce que l’Asie, l’Afrique et l’Europe produisent peut facilement y être acclimaté, et la plupart des productions de l’univers y existent déjà. Ses plaines, ses forêts, ses montagnes, ses rivières se prêtent à toute espèce d’industrie. Le sol renferme des mines d’or, de diamans, de pierres précieuses, de fer, de charbon, d’argent et de tous les minéraux connus. Sa population, qui n’était lors de la déclaration de l’indépendance que de 3,500,000 habitans, dépasse aujourd’hui 8 millions, dont plus de 5 millions libres, 2,500,000 esclaves et 500,000 sauvages, qui la plupart vivent encore au milieu de leurs bois, et y conservent leurs mœurs nomades et indépendantes. C’est à l’intérieur du pays, sur les bords des affluens de l’Amazone et du Paraguay, à Goyaz et à Matto-Grosso, que se sont réfugiées ces hordes barbares devant les conquérans de leur patrie et les descendans de ces conquérans.

Politiquement et administrativement, le Brésil est divisé par provinces, lesquelles sont au nombre de vingt, outre la ville de Rio, considérée comme territoire neutre, où résident l’empereur, la cour, les ministres, le conseil d’état, tous les hauts tribunaux, et où