Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

geait seule de propager l’idée scandinave; des congrès, formés exclusivement d’archéologues et de naturalistes suédois, danois et norvégiens, presque tous professeurs célèbres, voulaient contribuer à ce dessein, et des sociétés où entraient de nombreux publicistes se proposaient de concentrer, de diriger et de féconder les efforts. Les congrès des naturalistes, dont le premier eut lieu à Gothenbourg en 1839, et le septième à Christiania en 1856, avaient pour but de démontrer combien l’union entre les trois pays était fondée sur l’identité des conditions physiques; ceux des archéologues voulaient la confirmer par les preuves historiques; ceux des publicistes hâtaient de leurs vœux et de leurs efforts le jour où l’idée commune pourrait se traduire dans les faits et s’ouvrir une place dans la politique.

La première réunion générale des quatre universités du nord scandinave n’eut lieu, par suite des obstacles matériels qui s’opposaient à ces voyages simultanés, qu’en 1845, à Copenhague; encore n’y comptait-on pas d’étudians finlandais. On sait que la Finlande, la chère Suomi, russe depuis 1809, parle encore le suédois, et qu’elle est encore aimée comme une sœur par le peuple dont elle a partagé pendant plusieurs siècles les destinées. Lors d’une réunion particulière à Upsal en 1843, des invitations avaient été adressées à l’université d’Helsingfors, et trois étudians finlandais étaient venus témoigner par leur présence des sympathies qui subsistaient en faveur de la Suède sur l’autre rive de la Baltique. Le gouvernement russe les avait poursuivis au retour; désormais néanmoins nulle fête scandinave ne devait plus se célébrer sans qu’on y mêlât, pour la rendre complète, le souvenir de la Finlande. La réunion de 1851, à Christiania, eût été générale comme celle de 1845 sans l’absence des étudians d’Upsal, qui n’accomplirent que pendant l’année suivante leur voyage en Norvège. Celle qui a eu lieu dans l’été de 1856 a été de la sorte, à vrai dire, la seconde réunion vraiment générale.

Si quelque touriste non initié visitait au mois de juin 1856 Stockholm et Upsal, il a dû s’étonner de l’avalanche de discours et de sentimens patriotiques qui venaient fondre sur la Suède avec la belle saison. Pendant toute une semaine, ce n’a été dans Upsal et Stockholm que hurras, chants nationaux, interminables harangues, mouchoirs agités aux fenêtres et bouquets jetés par les rues, avec accompagnement de banquets et de toasts bruyans. Le programme obligé était resté le même : visite des étudians de Copenhague, de Christiania et de Lund à ceux d’Upsal; pèlerinage aux tertres du vieil Upsal, tombeaux des trois grands dieux Odin, Thor et Frei; discours et poèmes en l’honneur des ancêtres, de la gloire récente ou de la gloire passée; souhaits enfin d’une alliance conforme aux anciens souvenirs.