Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trie sucrière de l’Inde, que, depuis l’acte passé en 1845 en faveur du sucre des colonies étrangères, l’on n’exporte plus de Calcutta à destination de la métropole que des sucres des bonnes qualités de Bénarès, ou des produits raffinés des usines européennes. En un mot, le prix moyen du maund, de 7 roupies 9 anas en 1830-1831, peut être évalué aujourd’hui de 9 roupies 8 anas à 10 roupies.

Au moment où le pouvoir de l’honorable compagnie prenait pied sur la terre de l’Inde, la belle découverte d’Arkwright promettait à l’industrie de la fabrication des cotons en Angleterre les hautes destinées qu’elle a réalisées depuis. La consommation des fabriques du royaume-uni augmentait dans de vastes proportions de jour en jour ; on s’explique donc facilement qu’à ses débuts comme gouvernement, la cour des directeurs ait pris à tâche d’encourager et de perfectionner la culture du coton dans ses domaines d’outre-mer. L’arbuste cotonifère croît à l’état sauvage sur le vaste continent qui s’étend du cap Comorin au pied de l’Himalaya, mais les variétés nombreuses qu’il présente sont toutes différentes des arbrisseaux indigènes du sol de l’Amérique. Le coton indien, plus court de fibre que le coton américain, est moins propre au travail des fabriques ; aussi n’atteint-il jamais dans les entrepôts européens le prix de son rival, mieux doué. Outre cette infériorité, inhérente au coton asiatique, d’autres circonstances concourent à le déprécier sur le marché de la métropole. Les meilleurs cotons de l’Inde ne sont pas cultivés pour l’exportation ; les cultivateurs natifs, dépourvus de capital, endurcis d’ailleurs dans la routine de leurs travaux, ne peuvent ni ne veulent employer, pour nettoyer leurs cocons, les machines perfectionnées en usage dans les plantations des États-Unis. Enfin les voies de communication sont si imparfaites dans l’Inde, que le coton n’arrive au port d’embarquement qu’après avoir passé des mois entiers sur des rivières navigables seulement à certains mois de l’année, ou sur des sentiers à peine frayés, après avoir considérablement souffert de l’intempérie des saisons et des lenteurs du voyage.

Les cotons les plus estimés de l’Inde, connus sous le nom de dezy, croissent dans le Bengale, aux environs de Dacca, et servent à fabriquer ces admirables mousselines qui, pour la légèreté et la finesse du tissu, sont sans rivales au monde. Le Bengale d’ailleurs ne produit pas le coton nécessaire à sa consommation intérieure, et des documens dignes de foi attestent que la valeur des importations annuelles faites des districts producteurs dans le Bengale s’est élevée jusqu’à un crore de roupies (1 million sterling). Il est vrai de dire que ces chiffres se rapportent à des époques éloignées, où les cotons fabriqués de l’Inde paraissaient avec avantage sur le marché européen. La consommation de la fabrication indigène dans le Bengale,