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neutraliser le virus des passions qui l’épuisent, mais à lui rendre, abstraction faite de l’insurmontable obstacle que ces passions y opposent, la place qu’elle a si longtemps occupée dans le monde.

Le paralogisme est visible, mais ce qui, aux yeux de chacun, ne sera pas moins évident ici, c’est le danger en même temps que l’inutilité des controverses auxquelles cette première erreur entraine les partis italiens, et avec eux les publicistes qui leur servent d’organes. Au lieu de chercher, comme le bon sens indique qu’ils le devraient faire, le remède aux causes du malheur de l’Italie dans la destruction de ces causes, et de rester ainsi sur un terrain tout national et respectable à tout le reste du monde d’étude et de combat, que font-ils ? Ils s’en prennent à des questions dont la solution contemporaine au moins est impossible, qu’ils ne peuvent agiter sans attaquer l’ordre universel existant, — territorial, politique, social, religieux même, — non-seulement de l’Italie, mais de l’Europe entière ; à des questions dont la controverse, à l’ardeur qu’ils y déploient, a pour effet de déconsidérer aux yeux de beaucoup de gens une cause dont la bonne renommée est encore la meilleure espérance, questions enfin qui à tous ces dangers joignent l’inconvénient capital de les détourner de la seule et unique préoccupation que de la Calabre au pied des Alpes tout Italien devrait avoir, la préoccupation de corriger les vices du caractère national, et de détruire en eux l’unique et détestable cause de la décadence et de la servitude de l’Italie.

Réformateurs, rénovateurs ou révolutionnaires, comme ils se nomment les uns les autres, de quoi les voit-on s’occuper et tâcher d’occuper avec eux l’Europe entière ? De trois choses : la première, de délivrer l’Italie de la domination étrangère ; la deuxième, de la doter d’un gouvernement libre ; la dernière enfin, de changer plus ou moins radicalement les bases, les conditions et les formes d’existence de la papauté. Examiner rapidement le texte de ces questions, les projets auxquels la discussion de ce triple problème entraîne les publicistes italiens les plus écoutés, ce sera nous convaincre que ce qu’il peut y avoir de plus funeste pour la cause de l’Italie est de la voir compromise ainsi dans le développement de thèses pleines de périls, et dont pas une encore une fois n’est pour elle la thèse capitale.

Les publicistes italiens d’abord croient devoir avant tout entretenir leurs lecteurs de la grande, et il faut bien ajouter de l’éternelle question de l’indépendance nationale. À merveille ! et nous ne sommes pas à coup sûr pour le leur reprocher. L’Italie ne mériterait plus de redevenir jamais une nation, si elle cessait un seul instant de vivre dans la pensée d’affranchir son territoire ; mais de quelle manière les publicistes de ses différens partis agitent-ils ce redoutable problème ? Les voit-on, comme la politique, cette fois assurément bien d’accord avec la logique, le leur conseillerait, les voit-on re-