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Par une disposition spéciale, on se proposait de rendre sensible à tous les yeux la fixité du système monétaire et le lien étroit qui le rattachait au système métrique. On voulait faire ce de la pièce d’or une médaille pour conserver la mémoire de la magnifique opération dont le résultat sert de base à notre nouveau système métrique[1]. »

Du conseil des cinq cents, le projet de loi fut transmis aux anciens : à ce conseil, le rapporteur, avons-nous dit, était M. Cretet, qui, au nom de la commission, en proposa le rejet[2]. Seulement la commission n’hésitait pas sur les idées fondamentales que le projet consacrait, à savoir : 1o l’adoption d’un seul métal pour étalon, 2o le choix de l’argent en cette qualité et par conséquent la subordination de l’or, et 3o l’établissement d’un lien intime entre le système métrique et le système monétaire. Elle épousait même ces idées avec une sorte d’ardeur, et le rapport les motivait presque surabondamment. Elle proclamait que l’unité monétaire était et devait rester une pièce d’argent du poids de 5 grammes au titre de 9/10es de fin. Par cela seul que cette pièce était l’unité monétaire, et elle était des-

  1. Voici le passage où Prieur développait cette pensée : « On verrait donc sur un des côtés de la pièce d’or un génie cherchant à déterminer la grandeur du méridien terrestre ; à cet effet, il porterait d’une main hardie l’une des pointes d’un compas sur le pôle même, l’autre pointe étant alors nécessairement dirigée vers l’équateur, ce qui indiquerait cette distance naturelle qui sert d’étalon primordial à toutes nos mesures. Cette légende : pour l’univers, annoncerait que cette opération n’est particulière à aucune localité, que son utilité s’étend à toutes les sortes de mesures, et qu’elle doit servir à tous les peuples, car ils emploieront infailliblement son résultat lorsque la philosophie et la raison auront fait assez de progrès chez eux. Enfin l’exergue 14 thermidor an premier, consacrerait l’époque à laquelle la convention nationale, par un décret solennel, déclara qu’elle était satisfaite du travail des académiciens français sur le système des poids et mesures déduits de la grandeur de la terre, ainsi que des opérations commencées à ce sujet en exécution des ordres de l’assemblée constituante, et prescrivit qu’à l’avenir les mesures conformes à ce système seraient seules en usage dans la république. »
  2. Le conseil des anciens n’avait pas la faculté d’amender les projets de loi qui lui étaient transmis par le conseil des cinq cents ; il ne pouvait que les adopter ou les rejeter purement et simplement. En cela, sa puissance législative était renfermée dans les mêmes limites à peu près que celle du sénat actuel.