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et plus que jamais nous pouvons affirmer ce que nous disions dans notre dernier rapport : ce n’est pas le Comptoir qui a manqué aux affaires, ce sont les affaires qui ont manqué au Comptoir. »

Cependant le directeur et les administrateurs du Comptoir d’escompte s’étaient sérieusement efforcés d’améliorer les conditions offertes au commerce. À la naissance du Comptoir, le taux de l’escompte avait été fixé à 6 pour 100 pour toutes les valeurs, et en outre il était opéré sur les bordereaux une retenue de 5 pour 100, destinée à être convertie en actions. À partir du 16 mai 1848, cette retenue avait été réduite à 1 pour 100, et elle avait été complètement supprimée le 6 juillet suivant. Au début de ses opérations, le Comptoir s’était borné à opérer le recouvrement des effets sur la province, la faiblesse de son capital ne lui permettant pas encore de les escompter. Le 5 septembre 1848, il admit à l’escompte les valeurs de cette nature ayant moins de trente jours d’échéance ; quelques mois après, il étendit jusqu’à quarante-cinq jours la limite d’échéance pour ces effets, et le 1er avril 1849 il la porta enfin à soixante jours. D’un autre côté, le Comptoir avait ouvert à Paris des comptes-courans d’escompte à raison de 5 pour 100 l’an.

Dans ce second exercice, l’ensemble des prêts sur gages, qui avait été de 12,747,000 fr. dans l’exercice précédent, s’était au contraire élevé à 24,492,753 fr. Sur cette somme, les prêts directs du Comptoir d’escompte sur effets à une seule signature accompagnés de récépissés de marchandises montaient à 6,874,428 fr., et les prêts sur effets présentés par les sous-comptoirs à 17,618,324 fr.

Le Comptoir avait escompté en outre pour 1,055,385 fr. d’effets sur l’étranger, et s’était chargé de recouvremens sur la province pour une somme de 12,788,143 fr.

Enfin le Comptoir avait donné à ses cliens, sous forme d’ouverture de comptes de dépôt, la faculté de verser dans sa caisse des sommes en compte-courant, produisant 4 pour 100 d’intérêt par an, et toujours tenues à la disposition des déposans. Les sommes ainsi versées s’élevaient au 30 juin 1849 à 3,656,937 fr.

Pour résumer l’histoire des pénibles commencemens du Comptoir d’escompte, cet établissement, pendant les quinze premiers mois de son existence, au milieu d’une des plus grandes crises industrielles et commerciales que notre pays ait eu à traverser, avait escompté au commerce de Paris 244,297 effets, représentant une somme de 192,455,260 fr. Il avait reçu en outre à l’encaissement ou en recouvrement sur la province 134,899 effets, représentant 28,693,100 fr. C’était donc 379,196 effets, formant la somme totale de 221,140,361fr., qui étaient passés par ses mains. Ce qui prouve d’un côté l’état de souffrance où était alors le commerce parisien, et de l’autre la libéralité