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dans les provinces belges, où ces institutions tutélaires n’existent pas. Les sacrifices que la surveillance publique s’impose à elle-même sont d’ailleurs légers, surtout si on les compare à la nature des résultats obtenus. La cotisation diffère dans chaque département ; mais le versement annuel dans la caisse générale dépasse rarement la somme de 2 florins 25 cents par tête. En comptant les sommes que les départemens prélèvent sur leurs membres pour l’entretien des institutions locales, on trouve que la contribution est en moyenne de 5 florins 28 cents par année. Cela donne environ, tous les douze mois, un capital de 100,000 fl. C’est avec ce faible budget que la société a entrepris d’exercer sur les mœurs une sorte de magistrature anonyme.

L’histoire des services rendus par l’institution tot nut van’t Algemeen serait longue et compliquée : nous nous bornerons à indiquer les principaux. L’instruction primaire est en grande partie son ouvrage. La loi de 1806, qui a posé en Hollande les fondemens et les principes de l’éducation publique, a été faite avec le concours des membres de l’administration centrale de la société. Ce n’est pas tout que d’édicter des lois, il faut encore les incarner dans la pratique. La société prêta au gouvernement une main active pour l’exécution de tous les projets utiles. Sa mission était surtout de défricher le champ de l’intelligence. Les excellentes écoles primaires qui existent à Amsterdam et dans toutes les villes de la Néerlande ont été modelées sur les types que cette institution avait fournis elle-même en ouvrant dans plusieurs endroits des écoles pour les pauvres. Son initiative s’est étendue à tous les établissemens de bienfaisance. Les crèches, les écoles gardiennes, les écoles d’ouvriers, les écoles de répétition, les classes de chant, les caisses d’épargne sont, pour ainsi dire, sorties du sein de cette puissance invisible et toujours présente. La société se charge de l’entretien et de l’administration de ces établissemens jusqu’au jour où l’état, la commune ou même des particuliers les prennent à leur compte. Ce n’est pas seulement sur l’enfance et sur l’âge adulte que se sont répandus les bienfaits de l’instruction, c’est aussi sur le peuple. La société a publié de petits livres à la portée de tous, dans lesquels étaient exposés les rudimens de la morale, de la science, de l’histoire et du bien-être économique. Elle a fondé des bibliothèques où l’ouvrier puise les connaissances relatives à son état et à sa condition sociale.

Le directeur de la société est un homme d’esprit et de bon sens. Nous lui demandions à quelles causes il attribuait les accroissemens si rapides de l’institution : « La stabilité et le développement de la société tot nut van’t Algemeen, répondit-il, s’expliquent d’abord par son but philanthropique, lequel répond essentiellement au caractère hollandais. Je rapporte en outre le succès à la constitution assez