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exactement la quantité dont le vase s’est augmenté. Voilà donc un moyen de mesurer la dilatation du verre, et si on répète successivement la même expérience en enfermant du mercure dans des tubes de fer, de cuivre ou d’une substance quelconque, on sera conduit à la détermination exacte des dilatations de tous les solides dont on se sera servi. Ce n’est pas tout. On peut choisir un de ces vases dont on vient de mesurer la dilatation, le remplir d’un liquide quelconque, et faire avec lui l’expérience qui vient d’être exécutée avec du mercure ; on obtiendra la mesure de la dilatation apparente du liquide, et quand on y ajoutera l’agrandissement du vase, on aura la valeur de la dilatation que le liquide éprouverait dans une enveloppe non dilatable. C’est donc la même méthode, les mêmes procédés d’expérience qui s’emploient indifféremment pour la recherche des dilatations des corps solides, liquides et même gazeux, et les physiciens qui apprécient dans tous ses détails l’exactitude extrême des procédés dont nous venons d’exposer les principes savent qu’elle est irréprochable. Dulong et Petit se trouvèrent, par l’exécution de ces diverses mesures, en possession de résultats numériques nombreux, plus vrais que tous ceux que l’on connaissait de leur temps ; il leur restait à les discuter et à comparer entre eux les thermomètres divers dont on se sert habituellement.

Quand on veut construire un thermomètre, on prend un tube de verre allongé ; on soude à l’une de ses extrémités un réservoir dont on calcule à l’avance la capacité, on emplit ce vase avec du mercure, et on ferme la partie supérieure du tube en fondant son extrémité. Quand on vient à échauffer cet appareil, on voit le mercure s’élever dans le tube ; quand on le refroidit, on le fait descendre, et si le degré d’échauffement ne change point, la colonne liquide reste stationnaire. Réduits à cette simplicité, les thermomètres n’auraient entre eux aucune relation, mais on les rend concordans par une graduation identique : on les plonge alternativement dans la glace fondante et dans la vapeur d’eau bouillante, on marque les points où s’arrête le sommet du mercure dans les deux cas, on écrit zéro au premier, 100 au second, et, après avoir tracé 100 divisions égales entre ces deux repères, on les numérote. Telle est la recette simple pour faire un thermomètre. On peut maintenant abandonner cet appareil dans l’air ; on s’apercevra que le sommet de la colonne s’arrêtera tantôt vis-à-vis la division 10, tantôt en face du numéro 15, et l’on dira que la température est ou de 10 ou de 15 degrés.

Avant l’invention du thermomètre, on avait l’idée générale de la température. Nous assistons à chaque instant à des variations considérables dans le degré d’échauffement de l’air qui nous entoure et des substances que nous touchons ; nous en sommes profondément affectés ; la nécessité de nous garantir contre les excès de chaleur ou