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dans les siècles antérieurs on écrivait par oye ou par oie. Il faut remarquer que l’y grec est moins ancien que l’i simple. Dans le Patelin, la plupart, et à beaucoup près, sont écrits par oye ; un très petit nombre est écrit par oy sans e, et deux seulement présentent l’s que les modernes ont adopté, contre toute logique grammaticale. L’un de ces exemples est :

Vien ça ; t’avois je fait ouvrir
Ces fenestres ? (v. 611)


Les anciennes éditions du XVe siècle et les manuscrits, qui d’ailleurs, comme le fait voir M. Génin, ont peu d’autorité pour le Patelin, portent sans doute l’s ; néanmoins je n’hésiterais pas à ôter cette s, à effacer une disparate qui est condamnée par tout le reste, et à écrire t’avoye je fait ouvrir. L’autre exemple est encore plus reprochante ; non-seulement il y a une s, mais encore un a au lieu d’un o :

Ne le oserais-je demander (v. 519) ?


Non pas que je conteste le moins du monde à M. Génin ce qu’il affirme avec toute raison, à savoir que cette orthographe dite de Voltaire se trouve dans des textes très vieux, et était en usage aussi anciennement que l’autre. Il faut pourtant s’entendre là dessus et faire une distinction. Ces formes de conjugaison ne coexistent pas dans les mêmes textes, et elles appartiennent respectivement à des provinces, à des dialectes différens : c’est le mélange des dialectes et l’influence des provinces qui les a introduites dans la langue commune pour la prononciation d’abord, et finalement pour l’orthographe ; mais ici, dans le Patelin, comment admettre que, sur un très grand nombre de cas, tous, excepté un, aient l’o, et un seul l’a ? Il me paraît incontestable que l’a est le résultat de quelque faute d’impression et de copie ; quant à l’s, elle est condamnée par l’ensemble des exemples, et je mettrais sans hésiter :

Ne l’oseroy-je demander ?


Dans l’ancienne langue, ces terminaisons étaient dissyllabiques ; le Patelin vacille entre l’ancien usage, qui se perdait, et l’usage moderne, qui ne les compte que pour une syllabe. Ainsi :

Parmi le col soient pendus (v. 650),
Car je cudoye fermement (v. 705),
Il semble qu’il doye desver (v. 774),


sont des exemples où ces finales sont de doux syllabes ; mais en somme le nombre de ceux où elles ne valent que pour une l’emporte notablement.

Quelques vers sont faux. Or, l’auteur de Patelin sait trop bien la